Tout autant que pour les personnes, les entreprises ou les initiatives menées par les organisations : 30 années représentent une opportunité pour la réflexion et prendre de nouvelles orientations.
Beaucoup regarderons le Protocole de Montréal avec envie à l’approche de cette étape, à la fois en raison des résultats déjà atteints – à savoir placer la couche d’ozone sur la voie de la guérison – et la nouvelle vision qu’il incarne pour éviter un réchauffement de 0,5°C d’ici la fin du siècle.
« L’histoire de la couche d’ozone continue à montrer l’exemple, déclare Tina Birmpili, chef du secrétariat de l'ozone hébergé par l’ONU Environnement, organisme sous lequel se trouve le protocole. Il est la preuve de ce qui peut être fait lorsque nous écoutons les scientifiques et que nous mettons nos différences de côté afin d’agir pour la planète. Mais cela ne doit pas être une exception.
Le 16 septembre 1987, les États se sont mis d’accord sur un protocole – Le protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone, de son nom complet. L’objectif était alors de réduire drastiquement la production et l’utilisation des chlorofluorocarbones (CFC), et autres substances responsables de l’appauvrissement de la couche d’ozone, utilisées dans les aérosols, les systèmes de réfrigération, et dans de nombreux autres produits.
Bien que de telles inventions aient permis à des milliards de personne d’accéder à un certain niveau de confort, les substances dont elles dépendaient pour fonctionner présentaient un inconvénient majeur : elles étaient à l’origine d’un trou énorme dans la couche d’ozone, permettant ainsi aux dangereux rayons ultraviolets d’atteindre la surface terrestre et de menacer des vies humaines, l’environnement et l’économie.
A ce jour, les États signataires du protocole ont contribué à supprimer progressivement près de 99 % des substances appauvrissant la couche d’ozone. En septembre 2014, un rapport du Groupe de l'évaluation scientifique du protocole de Montréal a confirmé que la couche d’ozone est en cours de guérison et retrouvera ses niveaux d’avant 1980 d’ici 2050. Grâce à cela, jusqu’à 2 millions de cas de cancer de la peau pourraient être évités chaque d’ici 2030.
Le changement climatique dans le viseur
Grâce à son succès, le protocole de Montréal nous aide désormais à faire face aux défis posés par le changement climatique.
Les hydrofluorocarbones (HFC) sont en effet devenus des substituts aux substances appauvrissant la couche d’ozone, mais ces gaz à fort pouvoir réchauffant possèdent un potentiel important de réchauffement de la planète
En octobre 2016, à l’issue de longues et parfois stressantes négociations, les parties au protocole de Montréal ont mis leurs différends de côté et ont signé l’amendement de Kigali au protocole de Montréal afin de supprimer progressivement ces gaz à effet de serre.
Le secrétaire général de l’époque, Ban Ki-moon, a qualifié l’amendement de « encouragement majeur pour limiter l’augmentation des températures. »
L’Accord de Paris exhorte le monde à limiter le réchauffement planétaire en-deçà de 2°C au cours de ce siècle, en comparaison aux niveaux pré-industriels, plus ambitieux que les 1,5°C indiqué comme objectif
Tout le monde à bord
Les pays ayant ratifié l’amendement de Kigali – 6 jusqu’à présent – s’engagent à réduire leur production et consommation de HFC de plus de 80 % au cours des 30 prochaines années.
Ce nouvel accord inclut des objectifs et un programme de remplacement des HFC par des alternatives plus respectueuses de la planète, et l’accord selon lequel les pays riches aident la transition des pays en développement vers des produits plus sains.
Des représentants au plus haut niveau de l’industrie des produits chimiques, dont les producteurs et les fabricants d’équipements qui utilisent des HFC étaient également présents à Kigali démontrant le soutien de secteur privé à cet amendement.
Les pays développés commenceront à réduire les HFC dès 2019. Un délais est prévu pour les pays en développement, à partir du moment où 20 États auront ratifié l’amendement lui permettant ainsi d’entrer en vigueur. Néanmoins, certains pays africains ont exprimé leur souhait de réduire progressivement les produits chimiques plus rapidement que ce qu’il est prévu dans l’accord. Ils ont de bonnes raisons de le faire.
En effet, selon le rapport de l’ONU Environnement, l’écart de l’adaptation en Afrique, même en limitant le réchauffement climatique en deçà de 2°C, les récoltes diminueront de 40 %, faisant courir un risque de malnutrition à 50 % de la population
Le chemin à parcourir est encore long, mais le rétablissement de la couche d’ozone prouve que lorsque la communauté internationale est unie, comme elle a choisi de l’être pour l’adoption de l’amendement de Kigali, des résultats seront obtenus.
Pour rester sur cette même voie, et inspirer les prochaines générations, le secrétariat pour l’ozone, en partenariat avec Marvel Comics, lance une campagne intitulée Ozone Heroes – visant à rappeler à tous que nos qualités humaines sont ce dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes les plus importants du monde. Nous sommes tous des #OzoneHeroes.
« Le protocole de Montréal est aussi important aujourd’hui qu’il l’était dans les années 80, il est important non seulement pour la couche d’ozone mais aussi comme partie intégrante des efforts pour freiner le changement climatique, » affirme Erik Solheim, le chef de l’ONU Environnement. « Notre succès continu dépend de l’urgence ressentie par la nouvelle génération de héros. »