21-26 mai 2023, Kara – Togo
L’extraction artisanale et à petite échelle de l’or est reconnue en Afrique, et particulièrement en Afrique de l’Ouest, comme l’une des activités génératrices de revenus pour les communautés autochtones. Cependant, malgré les retombées économiques positives notamment pour l’amélioration des conditions de vie des populations, la pratique de l’orpaillage nécessite une attention particulière notamment en termes d’organisation, réglementations, et pratiques durables respectueuses de la santé humaine et de l’environnement.
Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre des projets de «Plan d’Action National (PAN) pour réduire, et si possible, éliminer l’utilisation du mercure dans l’extraction Artisanale et à Petite Echelle de l’or » en Côte d’Ivoire et au Togo en réponse aux article 7 et Annexe C de la Convention de Minamata, un voyage d’étude a été organisé au mois de mai 2023, autour de la ville de Kara, dans le nord du Togo.
L’événement, organisé par le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) du Togo et le Centre Africain pour la Santé Environnementale (CASE) avec le soutien du Partenariat Mondial sur le Mercure du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), a réuni les agences de mise en œuvre et d’exécution, les équipes des deux pays susmentionnés, ainsi que les points focaux de la Convention de Minamata de six pays de la région ouest-africaine qui ont également développé leur Plan d'Action National (PAN), à savoir le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Tchad.
A travers diverses sessions tant en salle que lors de visites de terrain organisées autour de thématiques globalement prioritaires et pertinentes pour l’ensemble de la région ouest africaine, les participants ont eu l’occasion de partager leurs expériences sur la mise en œuvre des projets PAN, et surtout sur les actions, défis et besoins envers une mise en œuvre effective des stratégies nationales proposées dans chaque PAN.
A l’issue de la semaine d’études, les messages clés retenus sont les suivants :
- Visites de sites et discussions de groupe, y compris avec les coopératives : le groupe a pu visiter quatre sites, à savoir le site d’orpaillage de Yamba Copé, d’Asséré dans le fleuve Binah, celui de Kéméni dans la préfecture de Tchaoudjo et de Nadoba dans la préfecture de Kéran.
- Mise en œuvre des projets PANs : dans leur présentation et interventions respectives, les pays ont suivi des processus similaires pour la mise en œuvre de leur projet PAN, ce qui leur a permis d’identifier les pires pratiques, dont la combustion à l’air libre de l’amalgame or-mercure ou encore le brûlage d’amalgames dans les zones résidentielles, et d’aboutir au développement des stratégies nationales, dont les plus communes incluent justement i) l’élimination des pires pratiques et la vulgarisation de pratiques durables, ii) la réduction des émissions et rejets de mercure et de l’exposition des populations à risques, iii) la formalisation du secteur, ainsi que (iv) la sensibilisation des parties prenantes.
A travers ces expéditions, les participants ont pu prendre connaissance des réalités togolaises de terrain notamment en termes de capacités humaines et techniques et matérielles que ce soit pour l’extraction de type alluvionnaire ou de roche dure.
Au cours des échanges avec les coopératives rencontrées, tout comme avec les communautés vivant dans les villages jouxtant les sites miniers artisanaux, il ressort que l’orpaillage au Togo est une activité de subsistance associée à l’agriculture. Les sujets abordés ont inclus entre autres la fabrication locale d’outils, la formalisation du secteur, l’impact du mercure sur la santé humaine et l’environnement, la réhabilitation progressive des sites, ainsi que la structure et le fonctionnement des coopératives.
D’un site à l’autre, plusieurs méthodes d’extraction ont été observées mais la spécificité actuelle du Togo est l’exploitation surfacique de l’or alluvionnaire qui ne requiert par d’amalgamation au mercure, car reposant principalement sur la méthode gravimétrique. Des connaissances endogènes sont utilisées aussi bien pour la prospection que pour l’exploitation et le prétraitement.
A l’issue du voyage d’étude, les recommandations formulées comprennent (i) le renforcement des cadres légal et réglementaire, (ii) la promotion de la collaboration entre les diverses parties prenantes, y compris les ONGs, mais également entre les différents pays de la sous-région, (iii) accorder l’attention nécessaire à la préservation des berges aux abords des cours d’eau ainsi qu’à la réhabilitation des sites d’orpaillage abandonnés, (iv) l’actualisation des stratégies des PANs pour tenir compte des réalités de terrain, ou encore (v) l’analyse approfondie de la chaîne de valeur de l’or au Togo et par extension dans la sous-région.
Visionnez la vidéo du voyage pour plus d’informations.
Factsheet : Explorer les lessons apprises
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