Discours de Madame Tatjana Hema, Coordonnatrice du PNUE/PAM
Segment de haut niveau de la journée SPAMI Day
Monaco, le 20 mai 2022
Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco,
Professeur Mehmed Emin Birpinar, Vice-ministre de l'Environnement, de l'Urbanisme et du Changement climatique et Président du Bureau de la Convention de Barcelone,
Excellences,
Honorables invités,
Mesdames et messieurs,
Au nom du Plan d’Action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE/PAM) permettez-moi, tout d’abord, de renouveler mes sincères remerciements à nos hôtes et de vous souhaiter une excellente SPAMI Day !
Ensemble, nous célébrons aujourd’hui les trente-neuf (39) Aires spécialement protégées d’importance méditerranéennes –les SPAMI, ou ASPIM pour les francophones—que nous comptons parmi les Mille deux cent trente-trois (1 233) aires marines protégées – AMP—et autres mesures de conservation par zone situées en Méditerranée.
Depuis son entrée en vigueur en décembre 1999, le protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (protocole ASP/DB) de la convention de Barcelone fournit le cadre régional pour la conservation de la diversité biologique marine et côtière et la création et la gestion d'Aires Spécialement Protégées, y compris les Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne (ASPIM).
En effet, par la création des ASPIM, le Protocole ASP/DB a apporte quelques innovations dont notamment la création d’aires protégées en haute mer, et cela a inspiré la communauté internationale en matière de conservation dans les zones situées au delà des juridictions nationales.
Les ASPIM constituent de véritables joyaux naturels et des sites de démonstration d’une valeur inestimable pour l’œuvre de conservation de la biodiversité dans notre région.
Les ASPIM ont un rôle primordial à jouer en tant que fers de lance de l’œuvre de protection de la nature méditerranéenne. Il nous appartient à toutes et à tous de les soutenir.
La SPAMI Day nous offre une bonne occasion pour réfléchir aux politiques et aux mesures idoines qui nous permettront d’avancer.
Mais ce que nous tentons de faire à travers la célébration de cette nouvelle Journée va bien au-delà des confins des ASPIM.
La Méditerranée abrite plus de dix-sept mille (17 000) espèces marines. Entre 20 et 30 % des espèces sont endémiques – le taux d'endémisme le plus élevé au monde. Mais derrière ce tableau naturel fascinant, une réalité révoltante se cache à peine.
Les écosystèmes coralligènes, que les scientifiques considèrent comme de véritables boucliers contre les aléas climatiques et qui sont essentiels au maintien des stocks halieutiques, [ces écosystèmes] sont menacés par le chalutage de fond, l'ancrage des bateaux, la pollution et les espèces envahissantes.
Plus de mille (1000) espèces marines non indigènes ont été recensées et six-cent-dix-huit (618) espèces sont considérées comme établies.
De 1950 à 2011, la Méditerranée a perdu 41 % de ses principaux prédateurs, dont les mammifères marins. Les projections suggèrent que plus de 30 espèces endémiques disparaîtront d'ici la fin du siècle.
La situation des herbiers de posidonie est particulièrement alarmante.
Qualifiée de poumons de la Méditerranée, Posidonia oceanica, sert d’habitat à de nombreuses espèces marines et de puits de carbone. Selon un rapport récent, nous risquons de perdre 70 % des habitats de posidonie d'ici 2050 avec un potentiel d'extinction fonctionnelle d'ici 2100.
Fort heureusement, les Parties contractantes à la Convention de Barcelone ont pris la mesure des défis et se sont engagés à accélérer les efforts de conservation.
Mesdames et messieurs,
Le SAPBIO—programme régional de référence en matière de protection de la biodiversité marine et côtière en méditerranée—qui a été élaboré par le Centre d’Activités régionales SPA/RAC et adopté par la COP 22 en Turquie, comporte des objectifs alignés sur le régime international gouvernant les questions de biodiversité.
Permettez-moi de souligner deux objectifs issus du SAPBIO :
- D'ici à 2030, au moins 30 % de la mer Méditerranée sera protégée et conservée
grâce à des systèmes bien connectés, écologiquement représentatifs et efficaces d'aires marines et côtières protégées et d'autres mesures de conservation efficaces par zone, assurant un équilibre géographique adéquat, en mettant l'accent sur les zones particulièrement importantes pour la biodiversité.
- D'ici à 2030, le nombre et la couverture des aires marines et côtières protégées avec des
niveaux de protection renforcés sont augmentés, contribuant ainsi à la reconstitution des
écosystèmes marins.
Dans ce cadre, les ASPIM ne manqueront pas de contribuer à la mise en œuvre du Programme d'action stratégique post-2020 pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles en région méditerranéenne (Post-2020 SAPBIO) et de la Stratégie régionale post-2020 pour les AMCP et les AMCE. En effet, les nouvelles initiatives de partage d’expériences et d’opportunités entre ASPIM contribueront à appuyer les réseaux régionaux, sous-régionaux et transfrontaliers d’AMPs existants et à les entraîner dans cette dynamique positive et ce cercle vertueux.
Permettez-moi, à cette occasion, de féliciter les gestionnaires des ASPIM pour leur engagement et les travaux accomplis, et de les encourager à aller de l’avant dans l’optimisation des processus de gouvernance et de gestion. Ce réseau est un grand acquis du capital humain et professionnel établi depuis des années. Le PAM et le CAR/ASP sommes et resterons à votre disposition pour appuyer vos efforts.
Autre facteur de succès dans cette entreprise collective pour la Méditerranée : des partenariats forts.
Faisons de la nature notre alliée dans la quête d’un avenir meilleur.
Bonne SPAMI Day à toutes et tous !
