Bonn, le 9 mai 2019 – La pollution plastique entraîne de graves risques pour la santé de la faune sauvage dans le monde entier, touchant un grand nombre d’espèces, dont les baleines, les tortues, les poissons et les oiseaux.
À l’occasion de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs, célébrée le 11 mai, deux instruments des Nations Unies sur la faune sauvage joignent leurs voix aux écologistes du monde entier pour appeler à une action urgente concernant l’élimination de la pollution plastique et pour souligner les conséquences désastreuses de ce type de pollution sur les oiseaux de mer et les oiseaux migrateurs.
« Un tiers de la production mondiale de plastique est non recyclable et, chaque année, au moins huit millions de tonnes de plastique continuent d’affluer sans relâche dans nos océans et nos plans d’eau », déclare Joyce Msuya, Directrice exécutive par intérim du Programme des Nations Unies pour l’environnement. « Ce plastique se retrouve dans l’estomac des oiseaux, des poissons, des baleines et pollue notre sol et notre eau. La Terre étouffe sous les déchets plastiques ; et il en va de même pour nos oiseaux, qui jouent pourtant un rôle essentiel à la vie sur terre. »
La pollution plastique représente une triple menace pour les oiseaux. La plus manifeste de toutes est probablement l’enchevêtrement dans des équipements de pêche ou d’autres déchets plastiques, mais ce n’est pas la plus meurtrière.
L’ingestion de déchets plastiques est omniprésente et peut toucher de nombreuses espèces. Lorsque les oiseaux confondent le plastique avec de la nourriture, ils finissent par mourir de faim tandis que leur estomac se remplit de plastique non digeste.
Le plastique est également utilisé comme matériel de nidification. Nombre d’oiseaux collectent des morceaux de plastique qu’ils utilisent ensuite pour tapisser leur nid, au lieu de se servir de feuilles ou de brindilles, ce qui peut causer des blessures et entraver la mobilité chez les poussins.
Les équipements de pêche abandonnés sont responsables de la plupart des prises accidentelles d’oiseaux en mer, dans les rivières, les lacs et même sur terre. Les oiseaux de mer sont les plus touchés. En outre, un nombre considérable d’oiseaux de mer victimes d’enchevêtrement ne sont pas recensés du fait qu’ils se trouvent loin des côtes et loin de nos regards.
« Les oiseaux empêtrés dans des équipements de pêche ou des déchets plastiques sont condamnés à une mort lente et douloureuse », explique Peter Ryan, Directeur de l’Institut Fitzpatrick d’ornithologie de l’Afrique (Université de Cape Town).
Afin de recueillir de nouvelles données sur les enchevêtrements en mer, des scientifiques comme Peter Ryan se sont tournés vers Google Images et d’autres sources sur le Web pour obtenir une image plus complète de la menace. Leurs travaux ont permis de revoir à la hausse le nombre d’espèces d’oiseaux touchées.
Sur les 265 espèces d’oiseaux qui se sont empêtrées dans les déchets plastiques, au moins 147 étaient des espèces d’oiseaux de mer (soit 36 % des espèces d’oiseaux de mer), 69 étaient des espèces d’oiseaux d’eau douce (soit 10 % des espèces d’oiseaux d’eau douce) et 49 étaient des espèces d’oiseaux terrestres (soit 0,5 % des espèces d’oiseaux terrestres).
Ces chiffres indiquent que presque tous les oiseaux marins et d’eau douce sont exposés au risque de s’empêtrer dans des déchets plastiques et autres matériaux synthétiques. Les oiseaux terrestres, aussi bien les aigles que les pinsons, sont également touchés, et la situation devrait encore s’aggraver.
Les recherches démontrent qu’environ 40 % des oiseaux de mer ont du plastique dans l’estomac. Les canards marins, les huards, les pingouins, les albatros, les pétrels, les grèbes, les pélicans, les fous de Bassan et les morus, les goélands, les sternes, les mergules et les oiseaux tropicaux sont particulièrement exposés au danger. L’ingestion de plastique peut provoquer leur mort ou causer des blessures graves, et le plastique accumulé risque de bloquer ou d’endommager le tube digestif de l’animal ou de lui donner un faux sentiment de satiété ; l’animal finit alors par mourir de faim ou de malnutrition.
En outre, des additifs chimiques provenant de matière plastique ont été trouvés dans les œufs d’oiseaux d’environnements éloignés, tels que l’Arctique canadien.
Pour régler le problème de la pollution plastique et réduire le nombre d’oiseaux victimes d’ingestion et d’enchevêtrement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a lancé la campagne Clean Seas en février 2017. La campagne, qui cible en particulier la pollution plastique marine, agit en amont et demande aux particuliers, aux gouvernements et aux entreprises de prendre des mesures concrètes afin de réduire leurs propres empreintes plastiques.
Les efforts conjugués de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie et des pays visent à empêcher le plastique de pénétrer dans le milieu marin. En décembre 2018, les pays de l’AEWA ont adopté une résolution sur la conservation des oiseaux marins comprenant une série de mesures que les pays peuvent mettre en place en vue de réduire les risques occasionnés par la pollution auxquels sont exposés les oiseaux migrateurs.
Lors de la Conférence des Parties à la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage en 2017, les pays sont également convenus d’apporter une solution au problème des équipements de pêche abandonnés, conformément aux stratégies énoncées dans le Code de conduite pour une pêche responsable de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Dans de nombreux pays, des efforts sont fournis en vue d’éliminer progressivement le plastique à usage unique et de trouver le moyen de recycler les produits en plastique plus facilement.
Selon Jacques Trouvilliez, Secrétaire exécutif de l’AEWA, « il n’y a pas de solution facile pour faire disparaître les problèmes liés au plastique. Le règlement de cette question nécessite des efforts conjugués de la part des gouvernements, de l’industrie, des collectivités locales, des fabricants et des consommateurs. Toutefois, comme le souligne le thème de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs cette année, nous pouvons tous contribuer à la solution et prendre des mesures pour réduire notre utilisation de plastique à usage unique. En remédiant à ce problème à l’échelle mondiale, non seulement nous récolterons de nombreux avantages, mais la faune sauvage de notre planète, y compris des millions d’oiseaux migrateurs, en bénéficiera également. »
La pollution plastique constitue une menace grave et croissante pour les oiseaux migrateurs, ce qui ne fait que limiter davantage leur capacité à faire face à la menace beaucoup plus importante que représentent les changements climatiques.
À propos de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs
La Journée mondiale des oiseaux migrateurs est célébrée chaque année afin de mettre en avant la nécessité de conserver les oiseaux migrateurs et leurs habitats. Plus de 300 événements dans plus de 60 pays marquant la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2019 incluent des festivals sur les oiseaux, des programmes éducatifs, des événements médiatiques, des excursions ornithologiques, des présentations, des diffusions de films et un concert caritatif destiné à lever des fonds pour la conservation de la nature au niveau international.
La Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS) et l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA), deux traités intergouvernementaux sur la faune sauvage gérés par l’ONU Environnement, organisent la campagne en coopération avec Environment for the Americas (EFTA).
À propos de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS)
La Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage a pour but d’assurer la conservation des espèces migratrices terrestres, aquatiques et aviaires dans l’ensemble de leur aire de répartition. C’est un traité intergouvernemental, conclu sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’Environnement, qui a pour mission la conservation de la faune sauvage et de ses habitats à l’échelle mondiale. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1979, le nombre de ses membres n’a cessé d’augmenter jusqu’à 127 Parties représentant l’Afrique, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, l’Asie, l’Europe et l’Océanie.
www.cms.int @bonnconvention
À propos de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA)
L’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) est un traité intergouvernemental destiné à la conservation des oiseaux d’eau migrateurs qui se déplacent le long de la voie de migration d’Afrique-Eurasie. L’Accord couvre 255 espèces d’oiseaux qui dépendent écologiquement des zones humides pendant au moins une partie de leur cycle annuel. Le traité couvre 119 États de l’aire de répartition en Europe, dans certaines parties d’Asie et du Canada, au Moyen-Orient et en Afrique. À l’heure actuelle, 78 pays et l’Union européenne (UE) sont Parties contractantes à l’AEWA (au 1er mars 2019).
www.unep-aewa.org @UNEP_AEWA
Liens associés :
Journée mondiale des oiseaux migrateurs – Site web
Résolution de la CMS Gestion des débris marins
Rapport de l’AEWA Plastics and Waterbirds: Incidence and Impacts (par Peter Ryan)
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