Katowice, 7 décembre 2018 - Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction, les gouvernements, les villes et les entreprises vont devoir prendre des mesures radicales afin de permettre au secteur mondial du bâtiment et de la construction de réduire son empreinte carbone, conformément aux accords internationaux.
Le rapport annonce également de bonnes nouvelles. Le rapport intitulé The 2018 Global Status Report - Towards a Zero-Emission, Efficient and Resilient Buildings and Construction Sector (Rapport de situation 2018 : pour un secteur des bâtiments et de la construction à émissions nulles, efficace et résilient dans le monde, non traduit), souligne que les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments et de la construction pourraient avoir atteint un plafond ces dernières années, grâce aux gains d’efficacité énergétique dans des domaines tels que le chauffage, l’éclairage et la cuisine et le nombre croissant de bureaux et de logements alimentées par des formes d’énergie plus propres. L’étude a été rédigée par l’Agence internationale de l’énergie et ONU Environnement.
Des gains d’efficacité ont également été réalisés grâce aux technologies d’économie d’énergie telles que les pompes à chaleur, les fenêtres et l’isolation améliorées, à l’utilisation de matériaux et de la conception de bâtiments plus économes en énergie. Cependant, le rapport souligne que le secteur des bâtiments, un énorme moteur de l’économie mondiale, représente encore 38% des émissions totales de CO2 liées à l’énergie et 35% de la consommation d’énergie finale.
« Les bâtiments sont un facteur clé de la demande en énergie, et les développements au sein du secteur, tels que l’utilisation croissante des climatiseurs, ont un impact considérable sur les tendances énergétiques et environnementales dans le monde », a déclaré Dr Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie . « Si nous ne rendons pas les bâtiments plus efficaces en énergie, leur consommation énergétique croissante aura un impact sur nous tous, que ce soit sous la forme d’un accès limité à des services énergétiques abordables, une qualité de l’air médiocre ou des factures d’énergie plus élevées. »
Le nombre de nouveaux bâtiments devrait augmenter rapidement dans les années à venir, notamment en Afrique et en Asie. Cette croissance rapide remettra en cause l’objectif d’amélioration de l’intensité énergétique des bâtiments de 30% d’ici 2030, nécessaire pour permettre au secteur d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
« Il est essentiel que notre travail lié au secteur des bâtiments et de la construction change radicalement au cours des deux prochaines années », a déclaré Joyce Msuya, directrice exécutive par intérim d’ONU Environnement. « Il suffit de regarder les normes actuelles et la qualité de nombreux bâtiments pour voir que nous pouvons faire beaucoup mieux. Il faut placer la barre beaucoup plus haut en ce qui concerne les bâtiments écologiques à haut rendement énergétique et les pratiques dans le secteur de la construction. »
Les investissements dans l’efficacité énergétique des bâtiments ralentissent
Ce nouveau rapport met en évidence un écart émergent entre les dépenses totales pour l’efficacité énergétique, qui ont augmenté d’un peu plus de 4% en 2017, pour atteindre 423 milliards USD, et les investissements totaux en rapide augmentation dans la construction et la rénovation de bâtiments. Cela indique un ralentissement du taux d’investissement dans l’efficacité énergétique en pourcentage de l’investissement total par rapport aux taux de croissance précédents.
Un défi émergent : le refroidissement des bâtiments
Le rapport lance une alerte au sujet de la forte augmentation de la demande en énergie des systèmes de refroidissement et des climatiseurs, liée à l’amélioration des revenus dans les pays en développement et à la hausse des températures. Cette année, des vagues de chaleur sont survenues dans de nombreuses régions du monde, en raison des changements climatiques.
La consommation d’énergie dédiée au « refroidissement des locaux » a en effet augmenté de 25% depuis 2010 et on compte actuellement plus de 1,6 milliard de climatiseurs installés dans les bâtiments du monde entier. À ce jour, les marchés les plus importants ne se situent pourtant pas dans les pays les plus chauds de la planète : seuls 8% des 2,8 milliards de personnes vivant dans des zones où la température moyenne quotidienne est supérieure à 25 degrés possèdent un climatiseur.
Il existe de nombreuses technologies pour assurer le refroidissement des bâtiments. L’entrée en vigueur de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone pourrait donner un coup de fouet à l’une d’entre elles et le taux de pénétration des climatiseurs recourant à des gaz respectueux du climat dans le monde pourrait augmenter. Cela devra aller de pair avec des efforts pour atteindre des niveaux d’efficacité beaucoup plus élevés.
Le rôle des plans d’action nationaux sur les changements climatiques (CDN)
L’intensification des plans d’action nationaux pour les changements climatiques, appelés également contributions déterminées au niveau national (CDN), représente une opportunité cruciale pour aborder un large éventail de problèmes, combler les lacunes des politiques et susciter une « décarbonisation » plus ambitieuse des secteurs du bâtiment et de la construction.
À ce jour, environ 104 des CDN contiennent des mesures spécifiques visant à améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les codes de construction et les certifications énergétiques. Cependant, seuls quelques CDN abordent la construction et le « carbone incorporé » lié à la fabrication de matériaux tels que l’acier et le ciment utilisés pour la construction de bâtiments.
Bâtiments résilients
Selon le rapport, les normes de construction doivent évoluer pour répondre à l’urgence de construire des bâtiments plus résilients aux changements climatiques et aux événements extrêmes tels que les tempêtes, les inondations, les vents violents et la hausse des températures.
Un nombre croissant de gestionnaires d’actifs immobiliers recensent maintenant les risques climatiques auxquels font face leurs immeubles dans leurs plans nationaux d’adaptation transmis à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le Brésil, le Burkina Faso, le Kenya et le Sri Lanka font partie des pays qui ont inclus les bâtiments dans leurs plans nationaux d’adaptation aux changements climatiques.
Le rapport cite également plusieurs initiatives qui pourraient contribuer à accélérer les améliorations. Près de 500 entreprises générant des milliards de dollars de revenus, dont plusieurs sociétés de biens immobiliers, de construction, de production de ciment et d’acier, ont rejoint l’initiative Science Based Targets (« cibles fondées sur des données scientifiques »), harmonisant leurs cibles de réduction d’émissions de GES avec celle de l’Accord de Paris. En septembre dernier, lors du Sommet mondial pour l'action pour le climat, le Conseil mondial des entreprises écologiques a lancé son engagement Net Zero Carbon Buildings.
À l’attention des journalistes
Le rapport a été préparé par l’Agence internationale de l’énergie et ONU Environnement.
Télécharger le rapport 2018 de situation mondial
À propos de l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction
Hébergée par ONU Environnement, l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction a pour objectif de mobiliser toutes les parties prenantes du secteur des bâtiments et de la construction afin d’intensifier les mesures pour la lutte contre les changements climatiques et faire de ce secteur un secteur sans émissions, à haut rendement énergétique et résilient.
À propos de l’Agence internationale de l’énergie
L’AIE est une agence qui se trouve au cœur du dialogue mondial sur l’énergie, fournit des analyses dans un large éventail de publications, données et statistiques, ainsi qu’une série d’ateliers de formation et de renforcement des capacités, de présentations et de ressources qui font autorité. Le rôle de l’AIE est d’assurer une énergie fiable, abordable et propre à ses 30 pays membres et au-delà. La mission de l’agence est définie par quatre domaines principaux : la sécurité énergétique, le développement économique, la sensibilisation à l’environnement et l’action dans le monde entier.
À propos d’ONU Environnement
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