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07 Sep 2024 Communiqué de presse Climate Action

Les ministres de l'Environnement africains appellent à l'établissement d'un protocole juridiquement contraignant sur la gestion de la…

Abidjan, le 7 septembre 2024 - Les ministres africains de l'environnement réunis à Abidjan ont appelé à l'établissement d'un protocole juridiquement contraignant sur la gestion de la sécheresse dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), avec un accent particulier sur l'Afrique. Cet appel répond à des préoccupations croissantes sur les impacts négatifs de la dégradation des terres, de la sécheresse et de la désertification sur la stabilité socio-économique, la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale du continent.

Cet appel a été lancé à la fin de la 10ème session extraordinaire de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement (CMAE), avec l'adoption de la Déclaration d'Abidjan le 6 septembre. Celle-ci a demandé un protocole de gestion de la sécheresse et exprimé une profonde inquiétude face aux défis environnementaux auxquels l'Afrique est confrontée, notamment la hausse des températures et la dégradation des terres, tout en soulignant que l'inaction affaiblit la résilience sociale et des écosystèmes à travers les pays africains. 

« Les sécheresses prolongées entraînent des conséquences néfastes, notamment la perte de moyens de subsistance, l'insécurité alimentaire et hydrique, des conflits et des déplacements forcés. Ces défis compromettent les efforts d'éradication de la pauvreté et menacent la réalisation des Objectifs de développement durable ainsi que l'Agenda 2063 de l'Union africaine », a déclaré Seyoum Mekonen Hailu, ministre d'État éthiopien chargé de la planification et du développement (en charge de l'environnement et du changement climatique) et président de la session spéciale de la CMAE.

Les ministres ont souligné l'importance du travail des groupes africains de négociateurs dans le cadre des prochaines conférences et négociations internationales et ont noté que la session spéciale avait fourni un mandat clair et solidement soutenu les positions communes africaines, tout en renforçant les partenariats mondiaux et régionaux impliquant les gouvernements, les organisations internationales, la société civile, les universités, les communautés locales et le secteur privé.

S.E. Robert Beugré Mambé, Premier ministre de la Côte d'Ivoire, a insisté sur l'urgence de la situation en déclarant : « La survie de nos économies et de nos populations est en jeu. En ces temps, il est essentiel pour l'Afrique de travailler en synergie pour relever les défis climatiques. Ensemble, nous sommes forts. »

« L'Afrique est un continent de solutions. Solutions pour l'énergie renouvelable sous la forme de vastes ressources solaires, éoliennes et hydrauliques, et de minéraux critiques. Solutions pour la sécurité alimentaire, avec des terres fertiles et des communautés agricoles compétentes. Solutions pour l'innovation, car l'Afrique possède à la fois la jeunesse et l'expérience d'une population désireuse de contribuer à la croissance, à la prospérité, aux opportunités et au développement », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’Environnement.

À l'approche des réunions internationales – Conférences des Parties (COP) – sur la biodiversité, le climat, la désertification et les négociations sur la pollution plastique plus tard cette année, la directrice exécutive du PNUE a exhorté les ministres africains à s'unir pour faire face aux impacts croissants du triple fléau planétaire que sont le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution.

« Les nations africaines peuvent se rendre à ces COP avec une position forte sur la terre. Lier la restauration des terres, la gestion des terres et la productivité des terres aux engagements climatiques et aux stratégies et plans d'action nationaux pour la biodiversité », a-t-elle ajouté. « Le financement public et privé doit être renforcé. Les systèmes alimentaires doivent être réformés. Et la pollution doit être abordée. À cet égard, les nations africaines peuvent contribuer à la mise en place d'un instrument solide pour mettre fin à la pollution plastique lors de la dernière série de négociations à Busan à la fin de cette année. »

Lors de cette session extraordinaire, Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD, a souligné la nécessité de réviser les politiques de développement pour aborder les causes profondes de la dégradation des terres.
« La terre ne doit pas être vue uniquement comme une source d'extraction : extraction de produits agricoles, extraction de minéraux et extraction de ressources en eau. La terre est notre actif le plus précieux pour notre nourriture, nos vêtements, nos carburants et la nourriture de nos animaux. Il faut adopter une attitude de gestionnaire plutôt que d’exploitation. Un actif, surtout un actif aussi précieux, doit être géré avec une approche globale du gouvernement et de la société. »

La Déclaration d'Abidjan a également souligné la nécessité de modèles de financement innovants pour débloquer les 1,2 milliard de dollars américains nécessaires à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. En 2023, plus de 400 milliards de dollars ont été dépensés dans des projets d'énergie propre à l'échelle mondiale, mais seulement 2,6 milliards ont atteint les nations africaines.

« En Afrique, comme dans toutes les régions, la crise climatique est un gouffre économique, qui ralentit l'élan de la croissance économique. Ce sont les nations et les peuples africains qui en paient le plus lourd tribut. Mais il serait totalement erroné pour tout dirigeant mondial, en particulier au sein du G20, de penser que bien que tout cela soit incroyablement triste, en fin de compte, ce n'est pas mon problème », a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Alors que la communauté internationale se tourne vers la COP 29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le secrétaire exécutif de la CCNUCC a appelé à un nouvel objectif financier international pour le climat, fermement ancré dans les besoins des pays en développement.
« La COP 29 doit envoyer un signal que la crise climatique est une priorité pour tous les gouvernements, avec des solutions financières à la hauteur », a-t-il ajouté.

Astrid Schomaker, secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB), a souligné le leadership croissant des nations africaines dans la mise en place de mécanismes de coordination efficaces soutenant l'alignement des différents accords environnementaux multilatéraux.

« Nous avons vu un certain nombre de pays africains mettre en place des organes de coordination qui soutiennent le dialogue et l'alignement à travers les divers accords environnementaux multilatéraux. Ces expériences devraient être reproduites à travers le continent et au-delà », a-t-elle déclaré, insistant sur l'importance des approches collaboratives en matière de gouvernance environnementale.

À la demande de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement lors de sa 17e session ordinaire, le PNUE et la Banque africaine de développement ont également présenté un avant-goût de l'Atlas du capital naturel africain, qui sera bientôt lancé lors de cette session spéciale à Abidjan ; cet Atlas met en évidence les riches ressources naturelles de l'Afrique et la nécessité urgente de les gérer durablement. L'Afrique détient 8 % du gaz naturel mondial, 12 % de ses réserves de pétrole et 30 % des gisements minéraux mondiaux. Ses pêcheries sont évaluées à plus de 24 milliards de dollars, et elle contient plus de 60 % des terres arables non exploitées du monde.

Les ministres ont également approuvé une décision omnibus sur l'avancement des positions communes africaines lors des Conférences des Parties et d'autres réunions.

La 10e session extraordinaire de la CMAE, qui s'est tenue les 5 et 6 septembre, a été précédée d'une réunion régionale consultative des principaux groupes et parties prenantes du PNUE et d'une réunion d'experts centrée sur la gravité des sécheresses dues à la hausse des températures mondiales et à la dégradation des terres.

NOTES À L'ATTENTION DES RÉDACTEURS

À propos d'AMCEN

La Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (AMCEN) définit l'agenda environnemental en Afrique. Créée en 1985, la Conférence réunit les gouvernements africains, les institutions et les partenaires de développement pour élaborer des politiques visant à résoudre les problèmes environnementaux les plus pressants du continent. Son mandat est de promouvoir la protection de l'environnement en Afrique ; d'assurer que les besoins humains de base sont satisfaits de manière adéquate et durable ; de garantir que le développement social et économique se réalise à tous les niveaux ; et de veiller à ce que les activités agricoles et les pratiques répondent aux besoins en sécurité alimentaire de la région.

La Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement tient ses sessions ordinaires tous les deux ans et des sessions spéciales entre les sessions ordinaires si nécessaire. Le Bureau Afrique du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) assure le secrétariat de la Conférence.

À propos du PNUE

Le Programme des Nations unies pour l'environnement est la principale autorité mondiale en matière d'environnement. Il définit l'agenda environnemental mondial, promeut la mise en œuvre cohérente de la dimension environnementale du développement durable au sein du système des Nations unies et défend avec autorité les intérêts de l'environnement mondial.

Pour de plus amples informations, merci de contacter :   

Siyad Fayoumi, Responsable de la Communication du Bureau Afrique du PNUE, siyad.fayoumi@un.org

Section Media et infos du Programme des Nations unies pour l’environnement

Tom Ogola, Officier de communications, Bureau Afrique du PNUE, thomas.ogola@un.org