- Un reprise verte à la suite de la pandémie peut permettre aux niveaux d’émissions prévus pour 2030 de se rapprocher des niveaux nécessaires pour atteindre l'objectif d’un réchauffement à 2°C, mais davantage de réductions seront nécessaires pour atteindre l’objectif de 1,5°C de réchauffement
- La baisse des émissions liée à la pandémie en 2020, qui représente jusqu'à 7 %, aura un impact négligeable sur le changement climatique
- Les nouvelles promesses visant à atteindre zéro émissions nettes sont les bienvenues, mais elles doivent être traduites dans les engagements que les pays ont pris dans le cadre de l'Accord de Paris et être soutenues par des mesures rapides
Nairobi, le 9 décembre 2020 – Une reprise verte à la suite de la pandémie pourrait réduire jusqu'à 25 % des émissions de gaz à effet de serre prévues pour 2030 et rapprocher le monde de l'objectif de 2 °C de réchauffement des températures fixé par l'Accord de Paris sur les changements climatiques, selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
Le rapport 2020 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions constate que malgré une baisse des émissions de dioxyde de carbone liée à la pandémie de COVID-19 en 2020, le monde continue de se diriger vers une augmentation des température de plus de 3°C au cours de ce siècle.
Toutefois, si les gouvernements investissent dans l’action climatique dans le cadre de la reprise de la pandémie et s'ils renforcent leurs engagements pour viser zéro émissions nettes lors de la prochaine réunion sur le climat, qui aura lieu à Glasgow en novembre 2021, les niveaux d’émission peuvent se rapprocher des seuils globalement compatibles avec l’objectif qui consiste à limiter le réchauffement à 2 °C.
En combinant une reprise verte à la suite de la pandémie avec des mesures rapides pour inclure de nouveaux engagements zéro émissions nettes dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) actualisées dans le cadre de l'Accord de Paris, et en poursuivant avec une action rapide et plus forte, les gouvernements pourraient encore atteindre l'objectif plus ambitieux d’un réchauffement limité à 1,5°C.
« L'année 2020 est en passe de devenir l'une des plus chaudes jamais enregistrées, et les incendies, les tempêtes et les sécheresses continuent de faire des ravages », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. « Cependant, le rapport du PNUE sur les écarts entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions montre qu'une reprise verte à la suite de la pandémie peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et contribuer à ralentir le changement climatique. J'exhorte les gouvernements à soutenir une reprise verte lors de la prochaine étape des interventions budgétaires liées à la COVID-19 et à renforcer sensiblement leurs ambitions en matière de climat en 2021 ».
Chaque année, le rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions évalue l’écart entre les émissions prévues et les niveaux conformes aux objectifs de l'Accord de Paris, qui consiste à limiter le réchauffement climatique au cours de ce siècle à un niveau bien inférieur à 2 °C et à viser 1,5 °C de réchauffement. Le rapport constate qu'en 2019, les émissions totales de gaz à effet de serre, qui comprennent les changements d'affectation des terres, ont atteint un nouveau sommet de 59,1 gigatonnes d'équivalent CO2 (Gt éq CO2). Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de 1,4 % par an en moyenne depuis 2010, avec une augmentation plus rapide de 2,6 % en 2019 en raison d'une forte augmentation des incendies de forêt.
Cette année, en raison de la réduction des déplacements, de la baisse de l'activité industrielle et de la diminution de la production d'électricité en raison de la pandémie, les émissions de dioxyde de carbone devraient diminuer de jusqu'à 7 % en 2020. Toutefois, cette baisse se traduit par une réduction de 0,01 °C seulement du réchauffement climatique à l’horizon 2050. En attendant, les CDN restent insuffisantes.
Une relance verte est essentielle
Toutefois, une reprise verte à la suite de la pandémie pourrait réduire jusqu'à 25 % des émissions prévues en 2030 sur la base des politiques en place avant la COVID-19. Une reprise verte porterait les émissions en 2030 à 44 Gt éq CO2, au lieu des 59 Gt éq CO2 prévus, ce qui dépasse de loin les réductions d'émissions prévues dans les CDN inconditionnelles, qui orienteraient le monde sur la voie d'une augmentation des températures de 3,2 °C.
Une telle reprise verte placerait les émissions dans la fourchette qui donne 66 % de chances de maintenir les températures en dessous de 2 °C, mais serait encore insuffisante pour atteindre l'objectif de 1,5 °C.
Les mesures à privilégier dans le cadre de la relance budgétaire verte comprennent un soutien direct aux technologies et infrastructures à émissions zéro, la réduction des subventions aux combustibles fossiles, l'interdiction de construire de nouvelles centrales au charbon et la promotion de solutions fondées sur la nature, notamment la restauration des paysages et le reboisement à grande échelle.
Selon le rapport, les mesures de relance budgétaire verte ont été limitées jusqu'à présent. Environ un quart des membres du G20 ont consacré une partie de leurs dépenses, jusqu'à 3 % du PIB, à des mesures à faible intensité de carbone.
Il reste néanmoins une possibilité importante pour les pays de mettre en œuvre des politiques et des programmes écologiques. Selon le rapport, les gouvernements doivent saisir cette occasion lors de la prochaine étape des interventions budgétaires liées à la COVID-19.
Le rapport constate également que le nombre croissant de pays s'engageant à atteindre des objectifs zéro émissions nettes d'ici le milieu du siècle constitue un « développement significatif et encourageant ». Au moment où le rapport était achevé, 126 pays couvrant 51 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre avaient adopté, annoncé ou envisagé des objectifs de zéro émissions nettes.
Pour rester réalisables et crédibles, ces engagements doivent toutefois être traduits d'urgence en politiques et actions fortes à court terme et être reflétés dans les CDN. Les niveaux d'ambition de l'Accord de Paris doivent encore être à peu près multipliés par trois pour atteindre la trajectoire des 2°C et par cinq au moins pour atteindre celle des 1,5°C.
Une modification des habitudes de consommation est essentielle
Chaque année, le rapport examine également le potentiel de secteurs spécifiques. En 2020, il examine le comportement des consommateurs et les secteurs du transport maritime et aérien.
Les secteurs du transport maritime et aérien, qui représentent 5 % des émissions mondiales, doivent également être pris en compte. Les améliorations technologiques et opérationnelles peuvent accroître le rendement énergétique, mais les augmentations prévues de la demande signifient que cela ne se traduira pas par une « décarbonisation » et des réductions absolues de CO2. Selon le rapport, ces deux secteurs doivent combiner l'efficacité énergétique et une transition rapide vers l'abandon des combustibles fossiles.
Le rapport indique qu’une action plus vigoureuse en faveur du climat doit inclure des changements de comportement de consommation du secteur privé et des particuliers. Environ deux tiers des émissions mondiales sont liés aux ménages privés, lorsqu'on utilise une comptabilité basée sur la consommation.
Les plus riches en portent la plus grande responsabilité : les émissions de 1 % de la population mondiale les plus riches représentent plus du double de la part combinée des 50 % les plus pauvres. Ce groupe devra réduire son empreinte d'un facteur 30 pour rester en ligne avec les objectifs de l'Accord de Paris.
Parmi les actions possibles pour soutenir et permettre une consommation plus faible de carbone, citons le remplacement des vols intérieurs et de courte distance par le rail, des mesures d'incitation et des infrastructures permettant l'utilisation du vélo et le covoiturage, l'amélioration de l'efficacité énergétique des logements et des politiques visant à réduire le gaspillage alimentaire.
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