Votre Excellence Dr Fitsum Assefa Adela, président de la CMAE, Ministre de la planification et du développement, Éthiopie,
Votre Excellence Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l'agriculture, au développement rural, à l'économie bleue et à l'environnement durable de l'Union Africaine,
Kevin Kariuki, vice-président de la Banque Africaine de développement pour l'électricité, l'énergie, le climat et la croissance verte,
Mme Hanan Morsy, secrétaire exécutive adjointe, Commission économique des Nations unies pour l'Afrique,
Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences et collègues.
Permettez-moi tout d'abord de remercier le gouvernement de la Côte d'Ivoire d'avoir accueilli avec succès la session spéciale de la CMAE en septembre. Cette session a mis en évidence avec force les liens entre la sécheresse, la dégradation des sols et la désertification, la conservation de la biodiversité et le changement climatique. Elle a également mis en évidence la nécessité d'une action commune dans le cadre des trois conventions de Rio et d'autres accords multilatéraux sur l'environnement.
Cette action est nécessaire pour ralentir la triple crise planétaire : la crise du changement climatique, la crise de la perte de la nature, des terres et de la biodiversité, et la crise de la pollution et des déchets. Une crise qui frappe les nations Africaines bien plus durement que la plupart des autres, comme nous pouvons le constater alors que l'Afrique australe subit sa pire sécheresse depuis un siècle.
C'est pourquoi la COP29 est si importante pour les nations Africaines. C'est en effet à cette occasion que le nouvel objectif quantifié sur le financement de la lutte contre le changement climatique devrait être finalisé. Le groupe des négociateurs africains va, j'en suis sûre, faire pression pour atteindre cet objectif, en s'appuyant sur les orientations politiques de la CMAE. Ils ont raison de le faire.
Le rapport de l'Organisation météorologique mondiale sur l'état du climat en Afrique nous apprend que, d'ici à 2030, on estime à 118 millions le nombre de personnes extrêmement pauvres sur le continent qui seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes. En moyenne, les pays perdent jusqu'à 5 % de leur PIB à cause des effets du climat. Et les pays auront du mal à financer les réponses aux événements climatiques extrêmes, car le fardeau de la dette s'alourdit en même temps que les pertes et les dommages qui pèsent sur les budgets.
La communauté internationale doit agir. Comme l'indique le Rapport 2024 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation aux changements climatiques , le déficit de financement de l'adaptation est estimé entre 187 et 359 milliards de dollars par an. Mais l'Afrique peut aussi faire preuve de créativité. Explorer de nouvelles structures de financement telles que les investissements du secteur privé, les échanges dette-nature et les échanges dette-climat. Adopter des initiatives visant à renforcer la résilience climatique, comme le guichet d'action climatique de la Banque africaine de développement, l'initiative « Alerte précoce pour tous » du secrétaire général des Nations unies et d'autres encore. Promouvoir la participation des communautés, les systèmes de connaissances autochtones et les approches tenant compte de l'égalité des sexes afin de renforcer les capacités d'adaptation.
Excellences, l'adaptation n'est qu'une partie du puzzle climatique. L'atténuation est cruciale.
Nous savons que les nations africaines ne sont pas responsables de la crise climatique. Cela n'a jamais été aussi clairement démontré que lorsque l'Union africaine a rejoint le G20. L'ajout de l'Union africaine a fait passer les émissions totales du bloc de 77 % à 82 %. Cela ne représente que 5 % de plus pour un nombre de nations sous l'égide du G20 qui a plus que doublé, passant de 44 à 99.
Donc, oui, dans le prochain cycle de Partenariat pour les contributions déterminées au niveau national (CDN), les grands émetteurs doivent faire le gros du travail pour se mettre sur la voie de 1,5°C. Cela signifie qu'il faut promettre et réaliser une réduction de 42 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 et de 57 % d'ici à 2035.
Mais nous savons que l'Afrique connaît une croissance rapide. Et nous savons que c'est l'Afrique elle-même qui souffrirait le plus en termes d'impacts climatiques si le continent bâtissait sa croissance sur des modèles de développement à forte émission de carbone.
Lorsque les dirigeants africains soumettront leurs nouvelles CDN, ils devront le faire en sachant que ces engagements peuvent servir de plans de développement qui favorisent une croissance à faible émission de carbone, créent des emplois verts, favorisent l'accès universel aux énergies renouvelables et s'adaptent aux effets du changement climatique en donnant la priorité aux solutions fondées sur la nature.
Après tout, l'Afrique est un continent de solutions.
Des solutions pour la sécurité alimentaire, avec des terres fertiles et des ressources naturelles. Des solutions pour l'innovation, avec une population jeune et énergique qui a soif de réussite. Des solutions à la crise climatique, en termes de vaste potentiel de restauration des terres et de minéraux essentiels à la transition énergétique.
Comme je l'ai dit lors de la dernière session de la CMAE, les pays africains peuvent tirer parti de l'augmentation de la demande de ces minéraux et ressources, qui sont essentiels à la transition énergétique. Il s'agit d'une opportunité évidente pour les nations africaines d'augmenter leurs revenus afin de réduire la pauvreté, d'assurer un développement durable et de réaliser des investissements à long terme. Tant que la valeur ajoutée est réalisée sur place. Et tant que la nature et les populations sont protégées par une exploitation minière responsable , y compris des politiques claires sur la circularité qui garantissent que les minerais essentiels sont réutilisés plutôt qu'exploités jusqu'à épuisement.
Le changement climatique est en effet un énorme défi imposé à l'Afrique. Mais les efforts déployés à l'échelle mondiale pour atténuer le changement climatique et s'y adapter offrent à vos pays de nombreuses possibilités de devenir des leaders mondiaux. Je vous invite à les saisir.