Les changements climatiques, la déforestation et l’élévation du niveau de la mer ont entraîné une pénurie de riz dévastatrice pour les communautés côtières du Cambodge. ONU Environnement soutient le gouvernement cambodgien dans ses efforts pour promouvoir différents moyens de subsistance afin de surmonter ces défis.
Il y a quelques années à peine, Neang Bo, rizicultrice âgée de 70 ans, ne rencontrait aucune difficulté pour se nourrir grâce à la culture des rizières aux alentours de son village, sur la côte cambodgienne.
Neang Bo et son mari récoltaient environ 4 tonnes de riz dans le district de Prey Nob, situé dans la province de Sihanouk. Les poules s'engraissaient en picorant les grains en excès à l'ombre de leur logement sur pilotis en bois.
« Avant, les saisons étaient régulières, nous avions une saison sèche la moitié de l'année et une saison pluvieuse l'autre moitié de l'année », affirme-t-elle.
« Maintenant, tout a changé et nous ne savons pas quand la pluie arrivera ni pourquoi elle n'arrive pas, ni quand elle est censée le faire, alors il est très difficile de cultiver le riz. »
Quand le rendement en riz a diminué de moitié, ou même davantage, Neang Bo a eu du mal à payer les frais de scolarité de ses petits-enfants. Lorsque la récolte était nulle, Neang Bo, comme beaucoup de ses voisins du district de Prey Nob, a vu sont statut de rizicultrice se transformer en acheteuse en difficulté.
« Lorsque les inondations ont détruit toutes nos rizières, j'ai dû vendre nos poulets pour pouvoir acheter du riz au marché », se lamente-t-elle.
« C'était très difficile de trouver quelque chose à manger. »
Les changements climatiques, tels que les tempêtes, la déforestation et l'élévation du niveau de la mer, menacent les communautés résidant sur la côte cambodgienne, provoquent des inondations qui détruisent les cultures en inondant d'eau salée les rizières et les terres agricoles.
Parallèlement, la hausse des températures et les périodes de sécheresse menacent également les moyens de subsistance des populations.
« Parfois, les températures sont tellement élevées ou les pluies sont tellement fortes que les poulets meurent, et quand les pluies sont si excessives qu'il y a des inondations, le riz ne pousse pas », affirme Eng Somol, directeur de l'agriculture au ministère de l'Environnement.
ONU Environnement et le gouvernement cambodgien aident les habitants de la province de Sihanouk à s'adapter aux changements climatiques en élaborant des moyens de subsistance différents et des projets visant à protéger les communautés côtières contre l'intrusion d'eau de mer.
La famille de Neang Bo est l’un des quelques 1 000 ménages à avoir reçu les outils nécessaires pour diversifier leurs moyens de subsistance, de la simple culture du riz à l’élevage du bétail et du poisson, ainsi que la culture de légumes vivrière.
Les trois grands réservoirs de ciment qui stockent l’eau douce dans le jardin de Neang Bo permettent désormais à la famille de cultiver des légumes comme la laitue, le maïs et la canne à sucre, tout en évitant d’utiliser l’eau salée du puits.
Plutôt que de s'échiner dans les rizières, qui ne lui rapportent pas beaucoup, Neang Bo passe maintenant ses journées dans son jardin à nourrir les poules fournies dans le cadre du projet, maintenant protégées par une cage spéciale, les carpes et les tilapia qui nagent dans deux grands étangs, ainsi que d'autres animaux achetés grâce aux bénéfices nouvellement acquis par la famille.
« Maintenant, je n’ai plus grand chose à faire. Je ne fais que nourrir les vaches, les poulets, les poissons et les cochons », se réjouit-elle.
Pour tenter de protéger les rizières basses et les eaux souterraines des intrusions d'eau salée et des tempêtes, le projet a également assuré la construction et le renforcement des digues dans toute la province.
Dans le district de Prey Nob, ces efforts ont empêché l’intrusion de l’eau salée dans une importante zone de riziculture grâce au renforcement d'une digue longue de sept kilomètres qui s’effondrait et s'enfonçait dans le sol, ce qui avait entraîné une augmentation des inondations.
Tout en rangeant sa canne à pêche et son moulinet au retour d'une matinée passée à pêcher le long du sentier surélevé séparant la mer des rizières, le riziculteur Bun Low se félicite de la construction.
« La digue nous a vraiment aidé, elle empêche l'eau de mer d'entrer dans les champs et d'endommager les rizières », déclare-t-il.
Dans le district de Prey Nob et au-delà, les rendements en riz se sont améliorés grâce aux digues réhabilitées par le projet et aux formations généralisées de la communauté relatives aux pratiques agricoles résilientes au climat, aux variétés de riz résistantes au sel, aux méthodes d'élevage du bétail et du poisson ainsi que sur les menaces liées aux changements climatiques.
« Les familles ont eu la vie dure ici, il faut leur fournir des poulets, des poissons et d'autres moyens qui leur permettront de subvenir à leurs besoins », affirme Eng Somol.
Pour protéger davantage les terres côtières, ONU Environnement et ses partenaires ont également soutenu la plantation d'arbres dirigée par la communauté pour prévenir l'érosion, y compris de paletuviers, première ligne de défense contre l'élévation du niveau de la mer due aux changements climatiques.
Pour plus d’informations sur les travaux d'ONU Environnement en matière d’adaptation aux changements climatiques, veuillez contacter jessica.troni@unenvironment.org.