"Au début du mois de mai, les battures du delta de la rivière Copper [située en Alaska] scintillent de l'activité de centaines de milliers d'oiseaux se tenant sur le rivage. Près de cinq millions d'oiseaux de rivage se reposent et se nourrissent ici pendant la migration printanière."
Ces informations sont données sur le site internet d'Audubon Alaska, qui présente un certain nombre de festivals d'observation d'oiseaux en Alaska
Certaines des espèces qui s'y reproduisent portent des noms plutôt exotiques : le bécasseau maubèche, le bécasseau variable, l'huîtrier de Bachman, le grand chevalier, le bécasseau d'Alaska et la bécassine de Wilson.
Ces oiseaux de rivage se reproduisant dans l'Arctique comptent parmi les meilleurs voyageurs au monde. Les barge rousses sont considérées comme des championnes de la migration : elles quittent l'Australie ou la Nouvelle-Zélande pour se rendre en Alaska où elle se reproduisent et élèvent leurs petits. Ce voyage long de 11 000 kilomètres au-dessus de l'océan Pacifique est la plus longue migration d'oiseaux sans escale mesurée par les ornithologues.
Mais ceux-ci et d'autres oiseaux de rivage se reproduisant dans l'Arctique déclinent en nombre alarmant. Par exemple, les scientifiques estiment que la population du bécasseau spatule, espèce en danger de disparition, se résume à 100 couples reproducteurs, contre 2 000 dans les années 1970.
L'évaluation de la biodiversité arctique de 2013 révèle que "de nombreuses espèces migratrices de l'Arctique sont menacées par la surexploitation et la modification de l'habitat à l'extérieur de l'Arctique, en particulier les oiseaux le long de la voie de migration est-asiatique."
Le Programme de conservation de la faune et de la flore arctiques (CAFF) et le groupe de travail sur la biodiversité du Conseil de l'Arctique ont lancé l'Initiative sur les oiseaux migrateurs de l'Arctique (AMBI) visant à assurer la viabilité à long terme des populations d'oiseaux migrateurs se reproduisant dans l'Arctique en déclin et à protéger les modes de vie et les cultures traditionnels des peuples autochtones de l'Arctique par le biais de la conservation des oiseaux migrateurs.
« C'est une sorte de "mécanisme institutionnel transfrontière" ou d'arrangement pour la gouvernance des ressources naturelles partagées et des questions environnementales transfrontalières : les oiseaux ne respectent pas la juridiction ou les frontières, nous avons donc besoin d'outils pour les protéger. », explique Courtney Price, responsable de la communication au CAFF.
Huit voies de migration de l'Arctique
Les oiseaux se reproduisant dans l'Arctique utilisent jusqu'à huit voies de migration différentes pour se déplacer des aires de reproduction de l'Arctique aux sites d'hivernage ou d'escale aux latitudes plus basses. De nombreuses populations d'oiseaux diminuent à un rythme sans précédent en raison de :
- destruction des zones humides côtières pour la remise en état des terres et le drainage
- dégradation de l'habitat
- piégeage / braconnage
- récolte non durable
- changement climatique
Les oiseaux migrateurs sont un indicateur important de la santé des écosystèmes : en effet ils voyagent et se nourrissent dans divers écosystèmes et ont tendance à se rassembler en grand nombre sur des sites spécifiques, ce qui les rend plus faciles à surveiller. L'abondance, ou la pénurie, de tels oiseaux peut indiquer beaucoup au sujet de la santé des océans, aussi bien que des habitats terrestres dans l'Arctique et au-delà.
Les oiseaux migrateurs traversent des pays du monde entier et mettent en lumière l'interdépendance des écosystèmes, les activités de recherche et de conservation ne peuvent donc pas être uniquement menées par les pays du Conseil de l'Arctique.
Droits de récolte
Les oiseaux sont capturés par de nombreuses personnes dans leurs aires de reproduction de l'Arctique, le long des routes migratoires et dans les aires d'hivernage. Les oiseaux de mer, par exemple, sont saisis pour leur viande, leurs œufs et leur duvet dans tous les pays de l'Arctique.
En Alaska, au Canada, au Groenland et en Russie, les peuples autochtones ont des droits de prise plus étendus reconnaissant que la capture de subsistance des oiseaux de mer est essentielle au maintien des modes de vie traditionnels. La prise annuelle d'oiseaux de mer est significative, allant d'environ 4 000 en Norvège à 260 000 au Canada. La prise traditionnelle d'œufs d'oiseaux de mer se chiffre en dizaines de milliers au Canada.
Donner la priorité aux espèces et aux problèmes de conservation
Le projet AMBI accorde la priorité aux espèces, habitats et activités spécifiques pour la conservation à travers quatre voies de migration principales : des Amériques, de l'Eurasie africaine, de l'Asie de l'Est-Australasie et circumpolaires.
« En se concentrant sur les espèces menacées d'extinction, les bons indicateurs de l'environnement, les espèces parapluie et celles qui sont importantes pour les peuples de l'Arctique, l'AMBI détaille les activités relatives aux prises accessoires, à la conservation des habitats, à la surexploitation et aux abattages illégaux. Les activités comprennent des études supplémentaires, une coopération additionnelle et des mesures de conservation concrètes telles que la protection de l'habitat ou l'amélioration des règlements sur les récoltes. », explique M. Price.
L'AMBI est dirigée par le Canada, la Norvège, les États-Unis et la Russie. Le projet implique une coopération étroite entre les pays arctiques et les pays non-arctiques qui accueillent des oiseaux de l'Arctique pendant la saison de non-reproduction, comme les Pays-Bas, l'Allemagne, la Corée du Sud, la Chine et Singapour. La clé de de la réussite de l'AMBI a été l'excellente participation de ces Etats observateurs de l'AMBI et d'autres organisations.
ONU Environnement attire l'attention sur les oiseaux de l'Arctique
ONU Environnement a fourni un soutien essentiel à AMBI en tant qu'observateur du Conseil de l'Arctique, principalement au sujet de la voie de migration des Amériques, située en Amérique du Sud et en Amérique du Nord.
ONU Environnement collabore avec le CAFF afin de réaliser des infographies répertoriant les priorités énoncées, les projets et les résultats de l'AMBI et encourager les partenaires du projet à les utiliser dans différents canaux.
Des documents de sensibilisation efficaces sont essentiels pour assurer la participation des intervenants situés à l'intérieur et à l'extérieur de l'Arctique, en mettant l'accent sur les communications visuelles pour surmonter les barrières linguistiques et optimiser l'utilisation de ces documents dans différents médias au profit de divers partenaires.
Ce projet devrait permettre de mieux faire connaître les activités de l'AMBI et les questions de conservation prioritaires relatives aux les oiseaux migrateurs reproducteurs de l'Arctique.
Ressources supplémentaires :
Consultez notre récit publié à l'occasion de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2017
Conservation of Arctic Flora and Fauna
Arctic Migratory Birds Initiative
Pour davantage d'informations, contactez Carla.Friedrich@unep.org ou Thierry.Lucas@unep.org