Alors que le monde cherche des moyens de contrer la crise climatique, les experts se tournent vers les systèmes alimentaires pour trouver des solutions. Les recherches du GIEC montrent que les pertes et gaspillages alimentaires sont responsables de 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (en anglais).
Alors, d'où viennent ces pertes alimentaires ?
"Les pertes et gaspillages alimentaires se produisent à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement, mais sont concentrés à la ferme et à la maison", explique Clémentine O'Connor, experte en systèmes alimentaires auprès du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). "Le milieu de la chaîne d'approvisionnement génère des volumes comparativement faibles de déchets alimentaires mais a une influence retentissante sur la façon dont les aliments sont cultivés, achetés et consommés."
Les observations de Mme O'Connor ont été faites juste avant la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires, qui a lieu le 29 septembre. Cette journée a pour but d'inciter les gouvernements, les entreprises et les consommateurs à s'attaquer à l'une des principales lacunes des systèmes alimentaires mondiaux, qui, selon le secrétaire général des Nations unies, António Guterres (en anglais), "exercent une pression historique sur nos ressources naturelles, notre climat et notre environnement naturel".
Réformer les systèmes alimentaires
Le rapport 2021 du PNUE sur l'indice de gaspillage alimentaire a révélé qu'environ 931 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été générés en 2019, dont 61 % provenaient des ménages, 26 % de la restauration et 13 % de la vente au détail.
Selon les experts, il existe des moyens simples d'endiguer ces pertes.
Les consommateurs peuvent contribuer à réduire la quantité de nourriture perdue dans les transports en achetant des produits cultivés localement, notamment dans des endroits comme les marchés de producteurs. Soutenir les exploitations agricoles locales favorise également la sécurité alimentaire et peut aider les agriculteurs nationaux à s'adapter au changement climatique, explique Mme O'Connor.
Solutions urbaines
Environ 70 % de la consommation alimentaire se fait au niveau urbain. Selon les experts, les autorités municipales peuvent contribuer à la création de systèmes alimentaires circulaires en sensibilisant le public aux pertes alimentaires, en promouvant l'agriculture urbaine, en fournissant des services gratuits de recyclage des déchets alimentaires et en interdisant la mise en décharge des déchets organiques.
Les prix des denrées alimentaires ayant augmenté de 34 % par rapport à la même période l'année dernière, les consommateurs sont également fortement incités à réduire le gaspillage alimentaire. Pourtant, de nouvelles recherches menées par Unilever et l'organisation non gouvernementale Wrap montrent que le gaspillage alimentaire coûte aux familles avec enfants 780 livres sterling par an au Royaume-Uni (en anglais) et 1 900 dollars américains par an aux États-Unis (en anglais). "Outre la réduction de l'utilisation de l'énergie et de l'eau et la refonte des transports, la réduction du gaspillage alimentaire est un moyen important pour nous tous de réduire nos coûts", déclare Mme O'Connor.
On estime que 3,1 milliards de personnes dans le monde n'ont pas une alimentation saine, et que quelque 828 millions de personnes souffrent de la faim. Depuis 2019, le nombre de personnes souffrant de la faim en raison de la pandémie a augmenté de plus de 100 millions. Tout cela signifie qu'il est urgent d'accélérer les actions visant à réduire les pertes et gaspillages alimentaires.
Des signes d'espoir
La bonne nouvelle est que des progrès sont réalisés. L'engagement de Courtauld a permis de réduire de 27 % le gaspillage alimentaire depuis 2007 au Royaume-Uni. Des partenariats similaires progressent rapidement au Mexique, en Afrique du Sud, en Indonésie, en Australie et dans certaines régions des États-Unis.
Pour les personnes qui souhaitent faire la différence, dit Mme O'Connor, la transformation peut se faire à la table du dîner. "Mangez vos restes. Achetez et cuisinez la bonne quantité, les petits magasins peuvent vous aider à acheter des quantités plus précises et l'utilisation d'une tasse à mesurer peut vous aider à respecter la taille des portions."
D'autres mesures pratiques consistent à prévoir un jour pour cuisiner tout ce qui se cache dans le réfrigérateur avant de réapprovisionner et à partager les aliments excédentaires avec les amis et les voisins, surtout avant de partir en voyage. Il est également possible de cultiver des fruits et légumes, de mariner les excédents, de composter les restes non comestibles et de demander aux autorités locales une collecte séparée des déchets alimentaires.
Les changements de régime alimentaire peuvent également être utiles, selon Mme O'Connor. "Manger une grande variété de plantes est bon pour la santé et pour la planète - trente sortes différentes par semaine est mon objectif actuel."
En décembre, le monde se réunira pour la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal afin de conclure un accord historique pour guider les actions mondiales en matière de biodiversité jusqu'en 2030.
Les négociations offrent une occasion unique de transformer l'agriculture et les systèmes alimentaires au profit des populations et de la planète par l'utilisation durable et la conservation de la nature.
Pour plus d'informations sur les pertes et gaspillages alimentaires, contactez Clementine O'Connor : clementine.oconnor@un.org.
À propos de la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires
La Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires, qui sera observée pour la troisième fois le 29 septembre 2022, lancera un appel clair à l'action aux entités publiques et privées, à tous les niveaux du système alimentaire, ainsi qu'aux consommateurs, pour qu'ils travaillent ensemble à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires afin d'améliorer l'utilisation efficace des ressources naturelles, d'atténuer le changement climatique et de soutenir la sécurité alimentaire et la nutrition.