La récente Assemblée des Nations Unies pour l'environnement qui a eu lieu à Nairobi, au Kenya, a adopté une toute première résolution relatives aux tourbières qui donne une impulsion aux efforts de conservation et de restauration.
Ce n’était peut-être pas intentionnel, mais la Journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars, a cette année vu les représentantes de l’Union européenne, de l’Indonésie, de la Norvège, des États-Unis et d'ONU Environnement (toutes les femmes) élaborer un projet de texte pour formuler une nouvelle résolution révolutionnaire relative aux tourbières.
Les femmes rurales du monde entier sont souvent les héros méconnus de la conservation des écosystèmes. Il est donc normal que cette résolution relative aux tourbières ait été élaborée en grande partie par des femmes.
Les tourbières couvrent environ 3% de la superficie terrestre de la planète, stockent d’énormes quantités de carbone et constituent des habitats pour la flore et la faune diverses. La découverte récente de l'un des plus grands puits de carbone du bassin du Congo, la Cuvette Centrale, qui chevauche la République du Congo et la République démocratique du Congo, a considérablement modifié les estimations des réserves de carbone captées par les tourbières. La tourbière de la Cuvette centrale est un véritable trésor de biodiversité, comme nous l'a rappelé (en anglais) la ministre de l'Environnement de la République du Congo, Arlette Soudan-Nonault, lors de la quatrième Assemblée des Nations Unies pour l'environnement.
Alors que l’Indonésie était au centre des discussions au sujet du partage des efforts de lutte contre les incendies répétés des tourbières causés par leur drainage et pour leurs initiatives de restauration et de conservation à grande échelle, les tourbières tropicales ne sont pas le seul type de tourbière. En fait, ces écosystèmes se trouvent dans environ 180 pays. ONU Environnement a récemment attiré l’attention sur les vastes tourbières de pergélisol (en anglais) du Grand Nord et sur l’importance de les conserver, car elles sont des moyens de protection contre des changements climatiques potentiellement catastrophiques.
« Au cours des négociations, les États membres ont compris que pour obtenir une action mondiale sur les tourbières, la résolution devrait couvrir toutes les tourbières, pas uniquement les tourbières tropicales », a déclaré Dianna Kopansky, experte principale dans le domaine des tourbières à ONU Environnement. « Des délégations de l’Union européenne et des États-Unis ont collaboré avec l’Indonésie et la République démocratique du Congo pour trouver un engagement en faveur de l’action climatique, de la restauration des écosystèmes, de la résilience et de moyens de subsistance tout en excluant leur drainage. »
« Pour de nombreux pays confrontés à l'insécurité climatique, la conservation des tourbières est la solution idéale basée sur la nature. »
La résolution finale, par la suite approuvée, non contraignate juridiquement, mais que les États ont l’obligation morale de respecter, a été fermement appuyée et saluée par les États Membres pour son alignement sur le thème de l’Assemblée #SolutionsInnovantes. La résolution « engage vivement les États membres et autres parties prenantes à mettre davantage l’accent sur la conservation, la gestion durable et la restauration des tourbières partout dans le monde ».
Comme l’Indonésie l’a appris à ses dépends, sous les tropiques, le secret de la prévention des incendies de tourbière est de s'assurer qu'elle demeure humides. La restauration des tourbières drainées et dégradées nécessite souvent une réhumidification et une restauration de l'hydrologie des tourbières.
La résolution demande à ONU Environnement de « coordonner les efforts visant à dresser l’inventaire global, complet et exact des tourbières » : sans données fiables, les décideurs ne savent pas où se trouvent ces « points chauds du carbone » et ne peuvent pas apporter de changement durable.
La résolution encourage également les « États membres et autres parties prenantes à intensifier la collaboration régionale et internationale aux fins de la conservation et de la gestion durable des tourbières » et « les États membres… et tous les autres acteurs participant à la conservation, à la gestion et à la restauration des tourbières… afin de favoriser la conservation et la gestion durable des tourbières ».
ONU Environnement, en collaboration avec de nombreux partenaires, cherche à changer les mentalités au sujet des tourbières.
« L’adoption de la résolution mondiale sur la conservation et la gestion durable des tourbières marque un moment important pour l’environnement, la conservation de la biodiversité mondiale, l’action pour le climat et la résilience », affirme Tim Christophersen, chef du service Eau douce, sols et climat d’ONU Environnement et président du Partenariat mondial sur la restauration des forêts et des paysages. « Le moment est propice : la décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 (en anglais) récemment annoncée devrait donner une impulsion aux efforts de conservation et de restauration des tourbières. »
Dianna Kopansky ajoute: « Nous avons parcouru un long chemin depuis décembre 2016, alors que l'ONU Environnement était chargée de coordonner les efforts visant à protéger, conserver et restaurer les tourbières. Des publications telles que De la fumée sur l'eau et les efforts de collaboration de l'Initiative mondiale pour les tourbières ont grandement contribué à faire évoluer les mentalités. »
Pour plus d'informations, veuillez contacter Dianna Kopansky : Dianna.Kopansky[at]un.org
Le sommet Action Climat de l'ONU aura lieu à New York le 23 septembre 2019 Son but est de relever le niveau des ambitions, d'accélérer les actions relatives à l'urgence climatique mondiale et de soutenir la mise en œuvre rapide de l'accord de Paris sur les changements climatiques. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, est l'hôte du Sommet Action Climat de l'ONU 2019.