Joshua Wowo a découvert et sécurisé 1 400 boîtes de DDT dans la province de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à l'est de la Nouvelle-Bretagne. Il attend maintenant le jour où la bombe à retardement toxique de sa commune sera enfin désamorcée.
Quand Joshua Wowo était enfant, son oncle l'emmenait faire des promenades dans la forêt luxuriante autour de leur maison dans la province de l'Est de la Nouvelle-Bretagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces explorations permettaient à Joshua Wowo de découvrir non seulement la beauté de son pays, mais aussi les risques pour la santé de ses habitants. L'oncle de Joshua était officier de santé, travaillant pour le programme de contrôle du service de lutte contre la malaria du pays et son dévouement à aider sa communauté a encouragé Wowo à suivre ses traces et à devenir coordinateur sanitaire de district.
Le paludisme demeure toujours une cause majeure de mortalité en Papouasie-Nouvelle-Guinée : 94 % de la population est à haut risque d'infection (PDF en anglais). Le pesticide DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) était autrefois une méthode populaire de lutte contre les maladies à transmission vectorielle, telles que le paludisme, et d'autres parasites en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et était largement utilisé dans les secteurs de la santé, de l'agriculture et de l'industrie.
Le DDT, polluant organique persistant dangereux dont l'élimination est prévue par la Convention de Stockholm, a été interdit dans de nombreux pays où il était encore utilisé en 1983. Cependant, suite à cette interdiction, au lieu d'être éliminé en toute sécurité, une grande partie du DDT restant en Papouasie-Nouvelle-Guinée a été abandonnée dans des entrepôts et des hangars dans tout le pays, ce qui constitue une menace pour la santé humaine et l'environnement.
Pas vraiment disparus
Il y a environ 10 ans, Joshua Wowo est tombé sur un de ces stocks de DDT abandonnés près de son bureau.
"Il s'agissait de 1 400 boîtes : deux conteneurs de 20 pieds de DDT, entreposés là depuis près de 40 ans", dit-il. "Je voyais des gens qui venaient ici pour se procurer du DDT pour leur potager, ou des enfants qui jouaient avec la poudre, non seulement autour des conteneurs mais aussi à l'intérieur".
Bien qu'officiellement interdit dans le pays, le DDT est toujours utilisé en Papouasie-Nouvelle-Guinée, non seulement par les agriculteurs, mais aussi pour la pêche et même pour lutter contre les poux chez les enfants. Le DDT a été associé au cancer chez l'homme et il est extrêmement toxique pour les poissons et les invertébrés marins.
L'impact du DDT sur la santé humaine n'est pas immédiat et, selon M. Wowo, de nombreux habitants ne comprennent pas le risque qu'ils courent. "Ils perçoivent le DDT comme ayant des avantages - et s'en débarrasser peut être perçu comme les privant de ces avantages".
Connaissant les effets du DDT sur la santé humaine et l'environnement, Joshua Wowo a décidé de prendre la responsabilité du stock qu'il avait trouvé et, avec le soutien du programme d'amélioration des services du district, il a été mis sous clé.
"Après avoir entendu parler du DDT dans l'Arctique, où ils en ont trouvé des traces alors qu'il n'a jamais été utilisé dans la région, c'est là que j'ai pensé que cela allait être un gros problème", dit-il.
Désamorcer une bombe à retardement toxique
Bien que Joshua Wowo ait réussi à enfermer le DDT, s'en débarrasser s'est avéré être un défi bien plus grand.
"J'ai déjà verrouillé les conteneurs quatre fois. J'ai commencé à les verrouiller en 2006", dit-il. "Les programmes de conservation et d'autres organisations viennent, les ouvrent et les referment. Ils ne peuvent pas continuer à faire ça", dit Joshua.
Mais la fin de la longue surveillance de Joshua Wowo est enfin pour bientôt : le stock de DDT prévu pour l'exportation et l'élimination dans le cadre du programme des Nations unies pour l'environnement intitulé " Implementing Sustainable Low and Non-Chemical Development in Small Islands Developing States (GEF ISLANDS), une initiative de 450 millions de dollars des États-Unis soutenue par le Fonds pour l'environnement mondial (en anglais) et ses partenaires pour aider les États insulaires des Caraïbes, de l'océan Indien et de l'océan Pacifique à établir une durabilité à long terme et à gérer les impacts croissants des produits chimiques et des déchets sur leurs environnements uniques.
"Comme de nombreux autres petits États insulaires en développement, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ne dispose pas des capacités techniques ou des installations nécessaires pour gérer et éliminer en toute sécurité les déchets dangereux et toxiques", affirme Joshua Sam, conseiller en gestion des déchets dangereux au secrétariat du Programme régional océanien de l'environnement, partenaire d'exécution du programme dans le Pacifique.
"Depuis la ville de Rabaul, le DDT doit être chargé dans des conteneurs, transporté au port de Kokopo et chargé sur un navire à destination de l'Australie où il sera détruit".
Pendant ce temps, Joshua Wowo reste résolument sur ses gardes, attendant le jour où la bombe à retardement toxique de sa commune sera enfin éliminée.
"Je ne serai heureux si vous le retirez vraiment", dit-il. "En attendant, je ferai de mon mieux pour venir et je continuerai à effectuer des contrôles."
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Implementing Sustainable Low and Non-Chemical Development in Small Island Developing States (ISLANDS) est une initiative de 450 millions de dollars des États-Unis d'une durée de cinq ans, soutenue par le Fonds pour l'environnement mondial, qui vise à gérer les impacts croissants des produits chimiques et des déchets dans 30 États insulaires en développement.
Pour en savoir plus sur le programme ISLANDS ou sur le travail du PNUE dans le domaine des produits chimiques et des déchets, veuillez contacter kevin.helps@un.org.