- Plus de huit parties à la CCNUCC sur dix ont mis en place des instruments de planification de l'adaptation aux changements climatiques.
- Les coûts d'adaptation aux changements climatiques estimés sont cinq à dix fois plus élevés que les flux financiers internationaux d'adaptation vers les pays en développement.
- Une volonté politique sans précédent ainsi que des investissements à long terme dans l'adaptation aux changements climatiques sont nécessaires de toute urgence.
Nairobi, 3 novembre 2022 - Selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), alors que les conséquences du réchauffement climatiques s'intensifient dans le monde entier, les nations doivent accroître considérablement le financement et la mise en œuvre des actions destinées à aider les nations et les communautés vulnérables à s'adapter à la tempête climatique.
Publié quelques jours avant la COP27, le dernier cycle de négociations sur le climat qui se déroulera à Sharm El-Sheikh, en Égypte, le Rapport 2022 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d'adaptation aux changements climatiques : des progrès insuffisants et trop lents, l’incapacité à s’adapter aux changements climatiques met le monde en danger, constate que les efforts mondiaux en matière de planification, de financement et de mise en œuvre de l'adaptation aux changements climatiques ne suivent pas le rythme des risques croissants.
« Les besoins d’adaptation aux changements climatiques dans le monde en développement devraient monter en flèche pour atteindre 340 milliards de dollars des États-Unis par an d'ici à 2030. Pourtant, le soutien à l'adaptation représente aujourd'hui moins d'un dixième de ce montant. Les personnes et les communautés les plus vulnérables en paient le prix. C'est inacceptable », a affirmé le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans une déclaration faite à l'occasion de la publication du rapport sur le déficit d'adaptation.
« L'adaptation aux changements climatiques doit être traitée avec un sérieux qui reflète la valeur égale de tous les membres de la famille humaine. Il est temps de procéder à une refonte de l'adaptation climatique mondiale qui mette les excuses de côté et se serve des outils nécessaires pour résoudre les problèmes », a-t-il ajouté.
« Les changements climatiques frappent l'humanité successivement, comme nous l'avons constaté tout au long de l'année 2022, et plus particulièrement lors des inondations qui ont submergé une grande partie du Pakistan. Le monde doit de toute urgence réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter les effets du changement climatique. Mais nous devons également accroître de toute urgence les efforts d'adaptation aux incidences climatiques actuelles et à celles à venir, affirme Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. »
« Les nations doivent faire suivre les fortes déclarations du Pacte de Glasgow pour le climat par des actions fortes pour augmenter les investissements et améliorer les résultats de l'adaptation aux changements climatiques, dès la COP27, a-t-elle ajouté. »
Les risques climatiques augmentent
Une sécheresse qui durent depuis plusieurs années dans la Corne de l'Afrique, des inondations sans précédent en Asie du Sud et de fortes chaleurs estivales dans l'hémisphère nord témoignent de la montée des risques climatiques. Ces conséquences surviennent à seulement 1,1°C au-dessus des températures préindustrielles.
Selon le Rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, la publication conjointe au rapport sur le déficit en matière d’adaptation aux changements climatiques récemment publié, les contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l'accord de Paris prévoient un réchauffement de la planète de 2,4 à 2,6 °C d'ici à la fin du siècle. Selon les recherches du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les risques climatiques s'intensifieront avec chaque dixième de degré supplémentaire.
Selon le rapport, ces tendances signifient que l'adaptation doit occuper une place centrale, aux côtés de l'atténuation, dans la réponse mondiale aux changements climatiques. Étant donné que même des investissements ambitieux dans l'adaptation ne peuvent empêcher totalement les effets du climat, il faut également s'attaquer aux pertes et aux dommages.
Des progrès lents et inégaux en matière d'adaptation aux changements climatiques
Le rapport indique que plus de huit pays sur dix disposent d'au moins un instrument national pour la planification de l'adaptation, et que ces instruments s'améliorent et deviennent plus inclusifs. Un tiers des 197 pays parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont intégré des objectifs quantifiés et assortis de délais en matière d'adaptation aux changements climatiques. Parallèlement, près de 90 % des instruments de planification analysés affichent la prise en compte de l’égalité des sexes et des groupes défavorisés, tels que les peuples autochtones.
Cependant, les financements nécessaires pour transformer ces plans en actions ne suivent pas. Les flux financiers internationaux pour l’adaptation aux changements climatiques dirigés vers les pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés et l'écart continue de se creuser. Les flux financiers internationaux pour l’adaptation aux changements climatiques destinés aux pays en développement ont atteint 29 milliards de dollars des États-Unis en 2020, selon les rapports des pays donateurs, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2019.
Les flux de financement combinés de l'adaptation et de l'atténuation des changements climatiques en 2020 étaient inférieurs d'au moins 17 milliards de dollars aux 100 milliards de dollars des États-Unis promis aux pays en développement. Une accélération significative est nécessaire si l'on veut doubler les flux financiers de 2019 d'ici à 2025, comme le préconise le Pacte climatique de Glasgow.
Les besoins annuels d'adaptation aux changements climatiques sont estimés à entre 160 et 340 milliards de dollars des États-Unis d'ici à 2030 et à entre 315 et 565 milliards de dollars des États-Unis d'ici à 2050.
La mise en œuvre des mesures d'adaptation, concentrée dans les secteurs de l'agriculture, de l'eau, des écosystèmes et les secteurs transversaux, augmente, mais n’est pas proportionnelle aux conséquences des changements climatiques. Sans une accélération radicale du soutien, les actions en faveur de l’adaptation aux changements climatiques pourraient être dépassées par l'accélération des risques climatiques.
Une approche unie
Le rapport constate que le fait de lier les mesures d'adaptation et d'atténuation des changements climatiques, telles que les solutions fondées sur la nature, dès le début de la planification, du financement et de la mise en œuvre peuvent renforcer les avantages conjoints. Cela pourrait également limiter les compromis potentiels, comme l'hydroélectricité qui réduit la sécurité alimentaire ou l'irrigation qui augmente la consommation d'énergie.
Les auteurs concluent qu'une forte volonté politique est nécessaire pour augmenter les investissements et les résultats en matière d'adaptation. Des crises telles que la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19 ne doivent pas faire dérailler les efforts internationaux visant à accroître l'adaptation. Une volonté politique sans précédent et des investissements à plus long terme dans l'adaptation sont nécessaires de toute urgence pour éviter que l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’adaptation aux changements climatiques ne se creuse.
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