Au cours des dernières années, des communautés de pêcheurs de Madagascar ont vu leurs captures diminuer, conséquence de la surexploitation chronique des ressources halieutiques, en particulier dans des habitats côtiers sensibles tels que les prairies marines.
Toutefois, dans certaines communautés, les stocks halieutiques ont commencé à se reconstituer, en partie grâce aux travaux de l’organisation de conservation marine Blue Ventures.
Blue Ventures a collaboré avec des administrations nationales et infranationales pour créer des aires marines gérées localement, des zones protégées devenues des refuges pour la vie sous-marine.
« Les communautés de la côte tropicale du sud-ouest de Madagascar ont besoin des mangroves, des prairies marines et des récifs coralliens pour établir un réseau d’écosystèmes interconnectés jouant un rôle fondamental dans la préservation de la vaste biodiversité marine et des pêcheries », souligne Javier del Campo Jimenez, expert résident des herbiers marins de Blue Ventures.
Blue Ventures fait partie des bénéficiaires d’un ensemble de petites subventions octroyées par l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Les subventions, versées depuis 2019 et ayant atteint un total de 560 000 dollars des États-Unis, financent des solutions novatrices et fondées sur la nature visant à protéger et restaurer des écosystèmes marins, notamment ceux menacés par les changements climatiques.
Selon des personnes y participant, le programme de subventions illustre bien comment l’investissement en faveur de la nature peut produire des avantages substantiels pour les peuples et la planète.
Tel est le thème principal de la Journée internationale de la Terre nourricière 2023, célébrée aux quatre coins du monde le 22 avril. Cette journée doit lancer un appel urgent à accroître les dépenses en faveur de solutions fondées sur la nature, des initiatives visant à protéger, gérer durablement ou restaurer des écosystèmes vulnérables.
Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, un accord historique approuvé par 196 pays assorti d’objectifs essentiels que l’humanité doit atteindre à l’horizon 2030 si elle souhaite stopper et inverser la perte de nature, appelle également à promouvoir les solutions fondées sur la nature et à accroître les financements visant à enrayer le déclin alarmant de la biodiversité.
Dans un rapport publié en 2021, le PNUE montre que le monde devra combler un déficit de financement de 4 100 milliards de dollars des États-Unis en ce qui concerne les solutions fondées sur la nature pour atteindre les objectifs fixés en matière de changements climatiques, de biodiversité et de dégradation des sols. Le rapport State of Finance For Nature 2022 du PNUE appelle à tripler les investissements en faveur des solutions fondées sur la nature d’ici 2030 et à les quadrupler d’ici 2050.
Le programme de petites subventions ICRI/PNUE a soutenu sept projets concernant des petits États insulaires en développement. Les subventions octroyées ont contribué à remettre en état des écosystèmes marins et côtiers connaissant un déclin rapide, notamment des prairies marines, des mangroves et des récifs coralliens.
Selon des spécialistes, ces habitats sont confrontés à une triple crise planétaire réunissant les changements climatiques, la perte de nature et de biodiversité, et la pollution et les déchets.
« La santé des habitats interconnectés, tels que des mangroves, des herbiers marins et des récifs coralliens, est étroitement liée à la santé de l’océan dans son ensemble », indique Leticia Carvalho, Responsable du Service des eaux marines et douces du PNUE. « À l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière, rappelons aux personnes qui nous entourent à quel point un océan sain est indispensable au bien-être de toute forme de vie sur Terre. »
Les pressions pesant sur les écosystèmes marins et terrestres poussent, selon des estimations, un million d’espèces vers l’extinction, des chercheurs affirmant que ce déclin se déroule à un rythme « sans précédent ».
Le requin marteau halicorne est l’une de ces espèces en danger. Ces animaux, menacés d’extinction selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, meurent souvent après s’être fait prendre au piège dans des filets de pêche.
Pour contribuer à la sauvegarde de cette espèce, Misión Tiburón, une autre organisation bénéficiaire du programme de subventions ICRI/PNUE, a œuvré à la restauration de mangroves dégradées dans le nord du golfe Dulce, au Costa Rica. Les mangroves, des forêts d’arbres appréciant l’eau salée qui poussent partiellement submergés dans l’océan, constituent un habitat pour les jeunes requins marteaux halicornes.
« Les mangroves restaurées dans la zone du golfe Dulce sont des nurseries offrant de la nourriture et une protection aux jeunes requins marteaux halicornes contre les prédateurs », souligne Ilena Zanella, Directrice de Misión Tiburón. « La sensibilisation de la société à la préservation des requins par l’entremise de la restauration des mangroves et de l’initiation à l’océan donne [aux communautés locales] une occasion de protéger ces espèces menacées pour bâtir l’avenir de notre planète. »
À propos de l’action du PNUE pour la nature
Le monde connaît un dangereux déclin de la nature. Un million d’espèces sont menacées d’extinction, les sols deviennent infertiles et les sources d’eau se tarissent. Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté par un groupe de dirigeants mondiaux en décembre 2022, vise à stopper et inverser la perte de nature à l’horizon 2030. Afin de s’attaquer aux moteurs de la crise de la nature, le PNUE travaille avec des partenaires pour mener des interventions à l’échelle des paysages terrestres et marins, transformer les systèmes alimentaires mondiaux et combler le déficit de financement en faveur de la nature.
À propos de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes
La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021–2030), dirigée par le PNUE, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et plusieurs partenaires, concerne les écosystèmes terrestres, côtiers et marins. La Décennie lance un appel à l’action au niveau mondial et réunira l’appui politique, la recherche scientifique et la puissance financière nécessaires pour intensifier massivement la restauration des écosystèmes.