Nous devons agir maintenant afin d'éviter les pires conséquences du changement climatique.
Nous avons affaire à un « écart climatique catastrophique » entre les engagements pris par les pays dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat et les réductions d'émissions nécessaires pour éviter les pires conséquences du réchauffement climatique, selon le rapport 2017 d'ONU Environnement sur l'Ecart entre les besoins et les perspectives en matière d'émissions (en anglais).
Le but initial de l'Accord de Paris est de renforcer l'intervention internationale pour contrer la menace du changement climatique et maintenir une hausse mondiale de la température en-deçà de 2 ° C et poursuivre les efforts visant à limiter la hausse des températures à 1,5 ° C.
Les engagements actuels des gouvernements représentent seulement la moitié (environ) des mesures nécessaires pour éviter une hausse de température de 2 ° C et seulement un tiers des mesures nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 ° C.
Bien que cet « écart entre les besoins et les perspectives » soit significatif, ONU Environnement suggère qu'il est encore possible de le combler de manière efficace et économique.
L'un des principaux contributeurs qui permettra de combler cet écart sont les forêts.
La bonne nouvelle est que 6,3 gigatonnes (milliards de tonnes) de réduction des émissions de dioxyde de carbone ont déjà été enregistrées au cours des six dernières années au Brésil, en Équateur, en Malaisie et en Colombie, en conformité aux exigences de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), selon le Centre de Lima de la CCNUCC. C'est une quantité supérieure au total des émissions annuelles des États-Unis.
« C'est un grand pas en avant, cela montre que les forêts peuvent être un élément central de la solution au changement climatique », a déclaré Mario Boccucci, chef du Secrétariat du Programme ONU-REDD. « Il s'agit d'une opportunité sans précédent : la volonté politique, le savoir-faire, la finance. Nous devons maintenant tirer parti des progrès et intensifier rapidement nos activités dans les années à venir. »
« Les chiffres du GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] indiquent que si la déforestation prenait fin dès aujourd'hui et que les forêts dégradées étaient ainsi en mesure de se rétablir, les forêts tropicales pourraient à elles seules réduire les émissions mondiales annuelles de 24 à 30% », indique le Centre pour le développement mondial dans son rapport Pourquoi les forêts, pourquoi maintenant ?
« En d'autres termes, à court terme, les forêts tropicales pourraient constituer entre un quart et un tiers de la solution au changement climatique ».
L'agriculture peut également contribuer à combler l'écart entre les besoins et les perspectives en matière d'émissions
Un rapport datant 2015 de l'Union of Concerned Scientists, basé aux États-Unis, démontre que le secteur des terres, à savoir l'agriculture mondiale et les forêts, peut largement contribuer à combler l'écart.
Selon le GIEC, plus de la moitié des émissions agricoles proviennent des élevages, en particulier des ruminants émetteurs de méthane tels que le bétail.
Alors que l'ensemble des pays peuvent contribuer à l'effort visant à combler l'écart, le rapport identifie huit pays ayant un fort potentiel d'atténuation du changement climatique. La formule d'atténuation de chaque pays devra mettre l'accent sur différentes opportunités : réduction des émissions du secteur forestier (Indonésie), augmentation de la séquestration (Brésil), modification des régimes alimentaires et réduction du gaspillage alimentaire (États-Unis et, dans une moindre mesure, Union européenne) et efficacité accrue de la production végétale et animale (Inde et Chine).
Un soutien supplémentaire est également nécessaire pour mettre fin à la déforestation dans les pays en développement à fort couvert forestier. Sauver les forêts permet non seulement de lutter contre le changement climatique mais aussi de réduire la pauvreté, en protégeant 1,6 million de personnes qui dépendent des forêts pour leur subsistance.
Des gains rapides
Lorsque les forêts sont défrichées, d'énormes quantités de carbone sont libérées dans l'atmosphère. Des activités telles que l'exploitation forestière sélective et le drainage de marécages et tourbières riches en carbone sont également des sources importantes d'émissions.
La protection des forêts, y compris des mangroves, rend l'action climatique moins chère et plus rapide. Il faut construire un argumentaire politique défendant ces idées dans tous les pays.
« Le rapport sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière d'émissions souligne une fois de plus l'urgence de redoubler d'efforts pour réduire les émissions », affirme Niklas Hagelberg, expert des Nations Unies en matière de changement climatique.
« Cela prouve que des solutions existent, et si elles sont adoptées rapidement, nous pouvons inverser la situation actuelle. Mais plus nous attendons, plus nous notre capacité à limiter les changements climatiques dangereux est affaiblie et coûteuse. »
Pour davantage d'informations, veuillez contacter Niklas.Hagelberg[at]un.org