UNEP/Duncan Moore
20 May 2023 Récit Nature Action

De l’accord à l’action : la feuille de route du Cadre mondial de la biodiversité

UNEP/Duncan Moore

 

La Journée internationale de la diversité biologique, célébrée tous les 22 mai, est l’occasion non seulement de rappeler le rôle crucial d’une biodiversité saine dans la survie de la planète, mais également d’examiner la crise de la nature.

Sous le thème « De l’accord à l’action : reconstruire la biodiversité », l’édition 2023 fait suite à l’adoption historique du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal par 196 nations lors de la 15e réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique à Montréal, au Canada, en décembre 2022.

Salué comme étant fondamental pour stopper et inverser la perte de nature, ce cadre est un accord historique comportant des cibles mondiales à atteindre à l’horizon 2030 et au-delà en vue d’assurer la sauvegarde et l’utilisation durable de la biodiversité, tout en protégeant les droits des peuples autochtones et des communautés locales. 

Les ressources financières, la volonté politique et l’élaboration de politiques adéquates seront essentielles à la réussite de la mise en œuvre de ce cadre, ce qui signifie qu’une approche à l’échelle de l’ensemble de la société est nécessaire, selon des spécialistes.

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« La biodiversité est le réseau complexe dont dépend l’existence de l’humanité », explique Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). « Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal est notre plan à l’échelle mondiale pour réparer cette toile de la vie et préserver toutes les formes de vie sur Terre, y compris la nôtre. Nous n’avons que sept ans pour mettre en œuvre ce cadre, nous devons par conséquent tous agir dès maintenant. Et nous devons continuer d’agir jusqu’à ce que notre toile de la vie ne soit plus menacée. »

Alors que la nature et les avantages qu’elle procure déclinent à un rythme sans précédent dans le monde entier, la journée de la biodiversité rappelle qu’il est urgent d’agir en ce qui concerne les systèmes alimentaires, le financement et la protection et la restauration des écosystèmes pour résoudre la crise de la nature.

Protection et restauration des écosystèmes

Kelp forest in Monterey Bay
Les écosystèmes océaniques et aquatiques fournissent des services essentiels au maintien de la vie sur Terre. Photo : fdastudillo/iStock

Les écosystèmes assurent la stabilité de la Terre. Ils produisent de l’oxygène, fournissent de l’eau potable et régulent le climat. Des écosystèmes sains sont également à l’origine de services essentiels, tels que la fourniture de médicaments naturels, la pollinisation et la fertilité des sols permettant la production de nourriture.

Cependant, la nature, aussi bien dans le milieu terrestre que marin, décline plus rapidement que jamais, et l’on estime qu’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction.

Pour prévenir la perte de biodiversité à grande échelle et l’effondrement d’écosystèmes, ce cadre appelle à la conservation et à la gestion adéquates d’au moins 30 % des terres, des eaux intérieures, des zones côtières et des océans, ainsi qu’à la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés d’ici à 2030.

Systèmes alimentaires

People at a market
La production alimentaire durable améliore la sécurité alimentaire et contribue à la réalisation des objectifs de développement durable. Photo : Alex Hudson/Unsplash

Les systèmes alimentaires mondiaux dépendent fortement de la nature, l’océan étant la principale source de protéines de plus de trois milliards de personnes.

Les systèmes alimentaires sont à l’origine de la majorité des changements d’affectation des terres et de la conversion des habitats naturels. Ils constituent le premier facteur de perte de biodiversité et sont responsables de 80 % de la déforestation et de 70 % de l’utilisation d’eau douce.

Le cadre appelle à gérer durablement les zones agricoles, aquacoles et forestières, à réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial et à réduire significativement la surconsommation et la production de déchets.

Financement

Wooden home and stacked coins shows the value of trees
Selon des spécialistes, l’investissement en faveur de la nature est nécessaire au développement durable et à la croissance économique. Photo : watchara ritjan/iStock/Getty Images Plus

Des recherches du PNUE montrent que l’état de la nature détermine les conditions du développement de l’économie mondiale et du système financier. La nature est un actif vital qui fournit de nombreux biens et services essentiels, dont la valeur économique s’élève à 44 000 milliards de dollars des États-Unis.

L’investissement en faveur de la nature pourrait générer une valeur commerciale de 10 000 milliards de dollars des États-Unis et créer 395 millions d’emplois. Alors que les institutions financières prennent désormais conscience des dangers à long terme des combustibles fossiles et des projets néfastes pour l’environnement, un cadre ambitieux pourrait accroître davantage les capitaux privés en faveur d’une économie positive pour la nature et conduire à l’alignement des flux financiers sur les objectifs mondiaux en matière de biodiversité.

Toutefois, les investissements en faveur de la nature n’augmentent pas suffisamment pour lutter contre la perte de biodiversité. Pour contribuer à combler le déficit de financement, le cadre appelle à mobiliser au moins 200 milliards de dollars des États-Unis par an sous la forme de ressources nationales, internationales, publiques et privées, en lien avec la biodiversité d’ici à 2030. Il appelle également à la suppression progressive des subventions qui nuisent à la biodiversité, à hauteur d’au moins 500 milliards de dollars des États-Unis par an d’ici à 2030.

Pour conclure, les spécialistes espèrent que la journée de la biodiversité contribuera à susciter l’action nécessaire à la mise en œuvre du cadre et aidera à tirer parti de l’élan favorable actuel pour protéger et restaurer la nature.

« Chaque gouvernement, chaque entreprise, chaque investisseur et chaque individu doit faire tout son possible pour protéger et restaurer la nature, lutter contre les changements climatiques et réduire massivement la pollution et les déchets », souligne Mme Andersen. « Le PNUE crée des alliances pour rassembler le monde autour d’une véritable action collective et mettre fin à la triple crise planétaire une fois pour toutes. »

 

Le Cadre mondial de la biodiversité

La planète connaît un dangereux déclin de la nature. Un million d’espèces sont menacées d’extinction, les sols deviennent infertiles et les sources d’eau se tarissent. Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté par un groupe de dirigeants mondiaux en décembre 2022, vise à stopper et inverser la perte de nature à l’horizon 2030. Afin de s’attaquer aux moteurs de la crise de la nature, le PNUE travaille avec des partenaires pour mener des interventions à l’échelle des paysages terrestres et marins, transformer les systèmes alimentaires mondiaux et combler le déficit de financement en faveur de la nature.