Lorsque la société de transport Bolt s'est lancée dans la conception de sa propre trottinette partagée, dans le cadre d'un projet de transport urbain léger, les ingénieurs avaient un objectif primordial : qu'elle soit écologique. Le résultat, qui devrait arriver en masse dans les rues d'Europe au printemps, est un engin (en anglais) alimenté à l'électricité, 100 % recyclable et d'une durée de vie de 60 mois, une éternité dans le monde des trottinettes électriques.
Sandra Särav, responsable du développement durable chez Bolt, explique que ce scooter est emblématique de la volonté de l'entreprise de lutter contre le changement climatique.
"Il n'y a pas d'autre moyen que de tendre vers zéro émission", affirme-t-elle, en faisant référence à la nécessité de compenser les émissions de gaz à effet de serre. "Nous avons tous notre mot à dire à ce sujet et nous sommes tous responsables pour y parvenir".
Le 19 mars, à l'occasion de la Journée du numérique 2021, Bolt s'est joint à 24 autres entreprises technologiques pour signer un engagement à développer des "solutions numériques vertes" qui aideront le monde à réduire les émissions de dioxyde de carbone et à transformer numériquement des secteurs économiques clés. Les signataires, parmi lesquels figurent Microsoft, Ericsson et Vodafone, se sont également engagés à devenir neutres en carbone au plus tard en 2040.
Le pacte, connu sous le nom de "Coalition européenne du numérique vert", a été lancée par la Commission européenne et approuvée par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
Cette coalition intervient alors que le monde est confronté à ce que les experts appellent une crise climatique imminente. La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée et, selon les scientifiques, si l'humanité ne réduit pas radicalement ses émissions de gaz à effet de serre, la Terre sera confrontée à des vagues de chaleur, des pénuries alimentaires et des extinctions massives.
"Nous sommes engagés dans une course contre la montre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre", a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. "Seules les technologies numériques évoluent à la vitesse et à l'échelle nécessaires pour obtenir le type de réduction spectaculaire des émissions que nous devons constater dans les dix prochaines années."
"L'heure est venue de renforcer la collaboration et l'innovation pour s'attaquer à la crise climatique. Cette coalition va au-delà d'une simple promesse, les institutions et l'industrie de l'UE unissant leurs forces pour faire progresser les ambitions communes en matière de climat, en accélérant les investissements dans des solutions numériques innovantes au profit de l'avenir durable de l'Europe", a déclaré Casper Klynge, vice-président de Microsoft pour les affaires gouvernementales européennes.
Le soutien du PNUE à la Coalition européenne du numérique vert s'inscrit dans le cadre d'un effort visant à utiliser des données et des outils numériques pour encourager les hommes politiques, les chefs d'entreprise et les consommateurs à adopter une consommation et une production durables. L'initiative est conçue pour aider le monde à lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution au cours des dix prochaines années.
Selon un rapport de l'Union internationale des télécommunications, un organisme des Nations unies, la technologie numérique pourrait contribuer à réduire d'environ 17 % les émissions de carbone dans le monde. Les acteurs du secteur affirment que l'intelligence artificielle, par exemple, pourrait contribuer à rendre les réseaux de transmission électrique plus efficaces. La technologie Blockchain pourrait permettre aux citoyens concernés de suivre les émissions de carbone des entreprises. Et l'utilisation des satellites peut être encore améliorée dans la surveillance des changements environnementaux, y compris les activités telles que l'exploitation forestière illégale, l'exploitation minière et le déversement de déchets, en mer ou sur terre.
Les experts du PNUE affirment toutefois qu'il est nécessaire de développer des paramètres cohérents pour mesurer l'impact de la technologie sur l'environnement, ce qui sera essentiel pour minimiser les conséquences négatives de la numérisation.
Seules les technologies numériques évoluent à la vitesse et et avec l'ampleur nécessaires pour atteindre le genre de réduction spectaculaire des émissions dont nous avons besoin au cours des 10 prochaines années.
Le secteur de la tech est responsable de 2 à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les centres de données qui exploitent la crypto-monnaie Bitcoin ont consommé à eux seuls jusqu'à 0,3 % de l'électricité mondiale en 2019, soit autant que la Belgique.
"L'industrie de la tech doit vraiment mener ce changement", a déclaré Philippe Singer, le cofondateur de Leaders for Climate Action, un groupe à but non lucratif. "Si nous avançons en tant qu'industrie technologique avec un récit positif, nous pouvons faire pression sur les politiciens pour qu'ils mettent en place une législation plus forte, mais aussi amener d'autres industries à suivre cet exemple."
Vendredi, les nations européennes ont également signé un engagement à soutenir ce qu'elles appellent les "technologies numériques propres." Entre autres choses, les pays ont promis de construire des réseaux 5G et 6G tout en soutenant la technologie blockchain, l'informatique quantique et l'intelligence artificielle, qu'ils ont décrites comme de potentiels changeurs de jeu dans la lutte contre le réchauffement planétaire.
Dans les années à venir, il sera vital pour les pays d'exploiter la puissance de la technologie numérique tout en respectant les droits de leurs citoyens, a déclaré Andersen. "Nous nous trouvons à un moment charnière de l'histoire de l'humanité. Les décisions que nous prenons aujourd'hui pour relever les défis environnementaux et la gouvernance de la technologie numérique déclencheront une réaction en chaîne qui déterminera la trajectoire de la vie sur cette planète."
Le PNUE s'associera également au Programme des Nations unies pour le développement, à l'Agence allemande pour l'environnement, au ministère kenyan de l'environnement et des forêts, au Conseil international des sciences, à Future Earth et à Sustainability in the Digital Age pour lancer la Coalition pour un environnement numérique durable le 31 mars. Cette initiative, qui rassemblera des responsables gouvernementaux, des chefs d'entreprise et des membres de la société civile, vise à accélérer l'utilisation de la technologie numérique pour relever certains des défis environnementaux les plus pressants de la planète. Elle s'inscrira dans le cadre du suivi de la feuille de route du Secrétaire général des Nations unies sur la coopération numérique.