- Les flux de financement public international de l'adaptation vers les pays en développement sont passés de 22 milliards de dollars US en 2021 à 28 milliards de dollars US en 2022.
- Même en atteignant l'objectif du Pacte de Glasgow sur le climat de doubler le financement de l'adaptation pour atteindre au moins 38 milliards de dollars américains d'ici à 2025, le déficit de financement de l'adaptation de 187 à 359 milliards de dollars américains ne serait réduit que d'environ 5 %.
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En plus d'un financement et d'une mise en œuvre considérables pour faire face aux impacts climatiques croissants, des efforts plus importants sont nécessaires en matière de renforcement des capacités et de transfert de technologies.
Nairobi, le 7 novembre 2024 - Alors que les impacts climatiques s'intensifient et frappent le plus durement les populations les plus vulnérables de la planète, le rapport sur l’écart de l’adaptation 2024 :Contre vents, marées et flammes, du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), constate que les nations doivent accroître considérablement leurs efforts d'adaptation au climat, en commençant par s'engager à agir sur le plan financier lors de la COP29.
L'augmentation de la température moyenne mondiale approche 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et les dernières estimations du rapport du PNUE sur les écarts d'émissions (Emissions Gap Report ) placent le monde sur la voie d'une augmentation catastrophique de 2,6 à 3,1 °C au cours de ce siècle sans réductions immédiates et importantes des émissions de gaz à effet de serre. Publié juste avant les négociations sur le climat de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le rapport constate qu'il est donc urgent d'intensifier considérablement l'adaptation au cours de cette décennie pour faire face à l'aggravation des impacts. Toutefois, cette évolution est entravée par l'écart considérable qui existe entre les besoins de financement de l'adaptation et les flux actuels de financement public international de l'adaptation.
« La catastrophe climatique frappe de plein fouet la santé, creuse les inégalités, nuit au développement durable et ébranle les fondements de la paix », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans un message vidéo. « Les personnes vulnérables sont les plus durement touchées. Et ce sont les contribuables qui paient la facture. Alors que ceux qui sont à l'origine de toutes ces destructions, en particulier l'industrie des combustibles fossiles, engrangent des profits et des subventions considérables. »
« Nous avons besoin que les pays développés doublent le financement de l'adaptation pour atteindre au moins 40 milliards de dollars par an d'ici à 2025, une étape importante pour combler le déficit de financement. Nous devons débloquer un nouvel objectif de financement du climat lors de la COP29 », a-t-il ajouté.
Les flux de financement public international de l'adaptation vers les pays en développement sont passés de 22 milliards de dollars US en 2021 à 28 milliards de dollars US en 2022 : la plus forte augmentation absolue et relative en glissement annuel depuis l'Accord de Paris. Cette évolution reflète les progrès réalisés dans le cadre du Pacte de Glasgow sur le climat, qui exhortait les nations développées à au moins doubler le financement de l'adaptation aux pays en développement d'ici à 2025, par rapport aux quelque 19 milliards de dollars US de 2019. Cependant, même en atteignant l'objectif du Pacte de Glasgow sur le climat, le déficit de financement de l'adaptation, estimé entre 187 et 359 milliards de dollars par an, ne serait réduit que d'environ 5 %.
Alors que les pays en développement subissent des pertes et des dommages de plus en plus importants, ils sont déjà aux prises avec des dettes de plus en plus lourdes. Une adaptation efficace et adéquate, intégrant la justice et l'équité, est donc plus urgente que jamais. Le rapport appelle les nations à revoir leurs ambitions à la hausse en adoptant un nouvel objectif collectif quantifié fort sur le financement du climat lors de la COP29 et en incluant des composantes d'adaptation plus fortes dans leur prochaine série d'engagements climatiques, ou contributions déterminées au niveau national, attendues au début de l'année prochaine avant la COP30 à Belém, au Brésil.
Lenteur de la planification et de la mise en œuvre
En ce qui concerne la planification, 171 pays disposent désormais d'au moins un instrument national de planification de l'adaptation ,c'est-à-dire une politique, une stratégie ou un plan ,en place. Sur les 26 pays qui n'ont pas d'instrument national de planification, 10 n'ont aucune indication d'en élaborer un ; sept de ces pays sont des États fragiles ou touchés par un conflit et auront besoin d'un soutien adapté important si l'on veut atteindre l'objectif de planification du cadre des EAU pour la résilience climatique mondiale d'ici à 2030. En outre, l'efficacité potentielle des plans nationaux d'adaptation (PNA) des pays en développement est mitigée, ce qui souligne la nécessité d'un soutien spécifique pour garantir que la planification de l'adaptation débouche sur des mesures significatives dans ces contextes.
Les actions d'adaptation suivent une tendance générale à la hausse, mais qui n'est pas à la hauteur du défi. En outre, les évaluations des projets mis en œuvre avec le soutien des organismes de financement de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) montrent qu'environ la moitié d'entre eux ne sont pas satisfaisants ou qu'il est peu probable qu'ils soient viables à long terme sans les fonds alloués aux projets. Les pays font état de progrès dans la mise en œuvre de leurs PAN, mais constatent que l'ampleur et la rapidité de l'adaptation sont insuffisantes au regard des risques climatiques croissants. Dans l'ensemble, il faudra redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif de mise en œuvre du cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale.
Augmentation des financements
Compte tenu de l'ampleur du défi, combler le déficit de financement de l'adaptation nécessitera également des approches innovantes pour mobiliser des ressources financières supplémentaires. Des facteurs favorables plus solides, de nouvelles approches et de nouveaux instruments financiers sont essentiels pour débloquer des fonds d'adaptation, tant pour le secteur public que pour le secteur privé.
Les facteurs favorables pour le secteur public comprennent la création de fonds et de facilités de financement, la planification budgétaire climatique et le marquage du budget climatique, l'intégration dans la planification du développement national et les cadres de dépenses à moyen terme, et la planification des investissements en matière d'adaptation. Ces facteurs pourraient être soutenus par les réformes proposées pour les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement.
Les facteurs favorables au secteur privé comprennent de nouvelles approches et de nouveaux instruments qui visent à réduire les risques liés au financement du secteur privé en utilisant des fonds publics. Ils peuvent être soutenus par des accélérateurs et des plateformes d'adaptation.
Le financement de l'adaptation doit également passer d'actions réactives, progressives et basées sur des projets à une adaptation plus anticipative, stratégique et transformationnelle, faute de quoi il ne permettra pas d'obtenir l'ampleur ou les types d'adaptation nécessaires. Toutefois, cela nécessite des actions dans des domaines plus difficiles à financer : pour ce faire, il est nécessaire d'utiliser les fonds publics internationaux disponibles de manière beaucoup plus stratégique.
En outre, la question de savoir qui paie pour l'adaptation n'est pas abordée de manière adéquate. Dans de nombreux accords de financement, les coûts ultimes de l'adaptation sont supportés par les pays en développement, ce qui peut contribuer à combler le déficit de financement, mais n'est pas conforme au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, ni au principe du pollueur-payeur.
Renforcement des capacités et technologie
Outre le financement, il est nécessaire de renforcer le développement des capacités et le transfert de technologies pour améliorer l'efficacité des mesures d'adaptation, ce qui est conforme à l'accent mis sur les moyens de mise en œuvre lors de la COP29.
Les références aux besoins en matière de capacités et de technologies sont presque omniprésentes dans les documents de la CCNUCC, en particulier dans les domaines de l'eau, de l'alimentation et de l'agriculture. Cependant, les efforts pour répondre à ces besoins sont souvent non coordonnés, coûteux et à court terme. Il existe également peu de preuves que ces efforts profitent aux groupes marginalisés et sous-représentés. Plusieurs facteurs réduisent l'efficacité du transfert de technologie. Parmi les plus fréquents figurent les contraintes économiques et financières, telles que les coûts d'investissement initiaux élevés, les difficultés à obtenir des prêts et les cadres juridiques et réglementaires nécessitant des politiques nationales plus favorables.
Le rapport fournit des recommandations pour améliorer la situation à cet égard :
- Les interventions devraient mobiliser les capacités existantes, mettre l'accent de manière équilibrée sur les technologies et les conditions favorables, et placer l'égalité des sexes et les considérations d'inclusion sociale au centre de leurs préoccupations.
- Une base de données plus solide est nécessaire, y compris des données issues du suivi et de l'évaluation des besoins en matière de capacités et de technologies, des approches qui fonctionnent et de leurs coûts réels.
- Les plans de renforcement des capacités et de transfert de technologies devraient soutenir l'adaptation dans tous les secteurs, à toutes les échelles et selon toutes les priorités de développement.
- Les stratégies d'adaptation devraient être élaborées sur la base d'une compréhension globale des besoins plutôt que dans l'optique de promouvoir une technologie particulière, et s'inscrire dans le cadre de stratégies de développement plus larges.
NOTES AUX RÉDACTEURS
À propos du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE)
Le PNUE est le principal porte-parole mondial en matière d'environnement. Il joue un rôle de chef de file et encourage les partenariats pour la protection de l'environnement en inspirant, en informant et en permettant aux nations et aux peuples d'améliorer leur qualité de vie sans compromettre celle des générations futures.
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