« Cette espèce d'arbre pousse sur une seule montagne au Malawi et il n'en reste presque plus », affirme le botaniste Mark Nicholson, gestionnaire d'une forêt remarquable de 40 hectares près de Nairobi au Kenya, plantée de plus de 650 espèces d'arbres et d'arbustes indigènes.
« Presque tous les arbres et arbustes qui constituent cette forêt, y compris les grands arbres de plus de 20 mètres de haut, ont été planté en 2000. Depuis, nous avons constaté une forte augmentation de la biodiversité », souligne Mark Nicholson. « Lorsque nous sommes arrivés, toutes les espèces d'arbres plantés étaient des espèces exotiques et non indigènes, comme le cyprès, l’acacia, l’eucalyptus et le pin. Nous ne répertorions alors que 35 espèces d'oiseaux. Ce nombre est passé à 187 et en 2015, les colobes sont revenus habiter la forêt après avoir été absents pendant 80 ans. Ils sont revenus parce qu'ils trouvent de la nourriture grâce aux arbres indigènes. »
En prévision de la Journée internationale des forêts le 21 mars, ONU Environnement collabore avec Mark Nicholson et son organisation non gouvernementale Plants for Life International afin de sensibiliser le public à l’importance des arbres indigènes pour les écosystèmes locaux. Le jour même, le programme ONU-REDD et Plants for Life tiendront un stand dans l'enceinte des Nations Unies à Nairobi avec des centaines de plants d'arbres constitués de 12 espèces d'arbres indigènes différentes. Le personnel des Nations Unies et leurs familles seront encouragés à parrainer la plantation d'arbres ou à emporter et planter des plants dans leurs jardins ou les cours d'école.
« Le thème de la Journée internationale cette année est « les forêts et l’éducation », notre objectif est de faire comprendre que les arbres et arbustes indigènes sont vitaux pour la santé de la biodiversité et du bien-être humain », affirme Tim Christophersen, expert des écosystèmes à ONU Environnement.
Certains arbres « retiennent » l'azote tandis que d'autres produisent un paillis de qualité, qui enrichit le sol. D'autres bois peuvent être idéaux pour sculpter ou produire du bois de haute qualité. Certaines espèces d’oliviers indigènes, par exemple, ne produisent pas d’huile d’olive mais constituent un excellent bois pour produire du mobilier. Beaucoup de personnes ignorent la valeur médicinale et la capacité de générer des revenus de certaines espèces d'arbres indigènes.
ONU Environnement et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dirigent la mise en œuvre récemment annoncée de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030, qui nécessitera une expansion massive de projets pilotes réussis tels que les efforts de restauration menés à Brackenhurst.
Le défi de Bonn est un effort mondial datant 2011 et qui visait à restaurer 150 millions d’hectares de terres déboisées et dégradées à l'horizon 2020. À ce jour, les pays se sont davantage engagés : 170 millions d’hectares (en février 2019) et 350 millions 2030. Dans le cadre de ce défi, le Kenya a pour objectif de planter des arbres sur 5,1 millions d'hectares de terres dégradées, une superficie de la taille du Costa Rica. La politique officielle du Kenya en matière de replantation prend en compte l’importance de la plantation d’arbres indigènes.
Tous les programmes et agences des Nations Unies sont engagés dans la réalisations des objectifs de développement durable à l'horizon 2030. L’objectif 15 vise à « protéger, restaurer et promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification et mettre un terme à la dégradation des sols et à la perte de biodiversité ».
Le programme ONU-REDD, un programme de collaboration sur la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, a été lancé en 2008 et s'appuie sur le rôle de rassemblement et l'expertise technique de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, le Programme des Nations Unies pour le développement et ONU Environnement.
Brackenhurst
Plants for Life est membre de Botanic Gardens Conservation International, le plus grand réseau mondial de conservation des plantes.
La forêt de Nicholson, connue sous le nom de jardin botanique Brackenhurst, se trouve à environ 2 000 mètres d'altitude et à 30 kilomètres au nord de Nairobi.
« Les arbres exotiques plantés ici poussaient si vite qu'ils utilisaient de grandes quantités d'eau du sol. Ils assèchent le sol et les cours d'eau s'asséchaient plusieurs mois par an. Maintenant, grâce à tous les arbres indigènes que nous avons plantés, nous avons des ruisseaux toute l’année », explique Mark Nicholson. « Nous avons répertorié beaucoup plus d'espèces d'animaux, d'oiseaux, de papillons et d'autres insectes au cours des 18 dernières années. »
Il énumère ses principaux objectifs en matière de restauration écologique, de conservation de la biodiversité et de génération de revenus, notamment grâce à la production de café en sous-étage, des légumes indigènes et des chutes de bois dans un pays dont les besoins en bois de chauffage sont immenses.
« L’ébène africain indigène a presque été éliminée parce que personne ne le plante », déplore Mark Nicholson. « C’est triste de voir des spécimens âgés de 400 ans coupés. Si les Kenyans adoptent une vision à long terme et plantent des arbres pour leurs petits-enfants, ils leur laisseront un héritage précieux. »
Saviez-vous qu'il existe plus de 600 espèces dans la famille d'Euphorbia en Afrique de l'Est? Certains des grands arbres d'Euphorbia vivent dans des zones sèches, ils ont donc complètement perdu leurs feuilles en raison du stress hydrique et ne font de la photosynthèse que par le biais de leurs tiges.
Did you know there are over 600 species in the Euphorbia family in East Africa? Some of the large Euphorbia trees live in dry areas so they have lost their leaves altogether in response to water stress and photosynthesize only through their stems.
L'éducation et la recherche constituent un élément clé des travaux de Plants for Life. Brackenhurst organise des cours de restauration écologique, de propagation des plantes, d'identification botanique, d'éthno-botanique, de floristique et de contrôle des espèces envahissantes.
La zone de multiplication de semences compte plusieurs centaines de semis de Widdringtonia whytei, le très rare arbre « résineux dur » du Malawi mentionné précédemment par Mark Nicholson. « Nous allons les cultiver dans le cadre de notre programme de conservation ex situ : quand une plante est menacée sur son lieu d'origine (in situ), on essaie de la cultiver dans d'autres endroits plus sûrs. »
Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez contacter Tim Christophersen, chef du Service des eaux douces, des terres et du climat d'ONU Environnement et président du Partenariat mondial sur la restauration des forêts et des paysages : Tim Christophersen