Qu'il s'agisse de l'extinction des espèces ou des conditions climatiques extrêmes, la planète connaît une crise. Au cours de la dernière semaine de février 2021, les dirigeants mondiaux, les scientifiques, les entreprises et la société civile se réuniront pour aborder certains des problèmes environnementaux les plus urgents auxquels notre planète est confrontée.
Accueillie par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la cinquième session de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement (UNEA-5) est l'instance décisionnelle de plus haut niveau au monde en matière d'environnement. Cette année, en raison de la pandémie de COVID-19, les décideurs du monde entier y participeront en ligne.
L'UNEA-5 se concentrera sur le rôle que joue la nature dans le développement durable et sur la manière dont les plans de relance après la COVID-19 écologiques stratégiques peuvent accélérer la transition vers un avenir inclusif, prospère, pauvre en carbone et plus sain.
M. Sveinung Rotevatn (Norvège) est le président de l'UNEA-5. Il nous fait part de ses réflexions et ses aspirations pour la prochaine session, en amont de ce forum mondial.
Comment les relations commerciales et d'investissement peuvent-elles encourager l'économie circulaire tout en assurant l'accès aux marchés des pays du Sud ? L'UNEA peut-elle être une plateforme de discussions économiques sur les ressources naturelles, la transformation industrielle et l'émergence d'une économie verte mondiale ?
Une approche d'économie circulaire offre des opportunités à la fois pour l'économie et l'environnement. La consommation mondiale de toutes les matières consommables devrait doubler d'ici 2060, il faut qu'elle diminue.
Les politiques d'économie circulaire sont liées au commerce international par des chaînes d'approvisionnement mondiales, y compris des chaînes de valeur pour la réutilisation des matériaux. Le commerce peut contribuer à une économie circulaire en créant des opportunités pour une meilleure utilisation des matériaux. Dans le même temps, nous devons éviter les échanges commerciaux qui nuisent à l'environnement.
L'UNEA a un rôle important à jouer pour catalyser l'action sur l'économie circulaire. Il s'agit notamment d'explorer les moyens d'utiliser les ressources plus efficacement, de réutiliser les déchets et d'améliorer le contrôle aux frontières pour lutter contre la criminalité environnementale et le commerce illégal des déchets. Des travaux importants sont déjà en cours, par exemple dans le cadre de la Convention de Bâle.
L'UNEA peut également contribuer à favoriser la coopération entre les secteurs et les industries, à soutenir les politiques mondiales et à appuyer l'élaboration d'un cadre normatif sur l'économie circulaire. Ce travail contribuerait grandement à la réalisation de nombreux objectifs de développement durable (ODD).
Il y a cinq ans, les dirigeants mondiaux ont signé l'ambitieux Accord de Paris. Le rapport 2020 du PNUE sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions a révélé qu'en dépit de cet engagement, nous sommes loin de l'objectif de limiter la hausse des températures à un niveau bien inférieur à 2° Celsius. Pensez-vous que l'UNEA puisse relancer la dynamique et galvaniser le multilatéralisme en faveur de l'environnement ?
L'Accord de Paris a été une réalisation historique. Au cours de cette décennie, nous devons réduire considérablement les émissions. Limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius est fondamental pour éviter les risques graves et multiples que pose le changement climatique.
La coopération mondiale est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques. Une transformation mondiale sera un processus difficile mais offrira également de nombreuses opportunités. Les avantages d'une voie de développement à faibles émissions seront bien plus importants que les coûts.
Il est de la responsabilité politique de veiller à ce que les nouvelles possibilités soient exploitées. Les ODD soulignent que nous ne pouvons pas éliminer la pauvreté si nous ne sauvegardons pas également la nature et si nous ne mettons pas un terme au changement climatique.
L'UNEA peut soutenir et aider à donner une orientation à la transition vers un avenir faible en carbone et résilient. Nous devons tous travailler ensemble pour maintenir de fortes ambitions climatiques à l'ordre du jour international. Nous devons promouvoir des solutions gagnantes pour le climat, la nature, l'économie et la santé.
La Norvège s'est lancée dans une initiative ambitieuse de capture et de stockage du carbone par le biais de son programme Longship. Pourriez-vous nous en dire plus au sujet de ce programme ?
Le piégeage et le stockage du carbone seront nécessaires à grande échelle si nous voulons atteindre les objectifs climatiques de l'Accord de Paris. Le programme Longship est un moyen efficace pour la Norvège de réduire ses émissions de gaz à effet de serre à long terme, au coût le plus bas possible. Il démontre que le captage et le stockage du carbone à grande échelle est possible. Notre ambition est que ce projet contribue au partage des connaissances et des technologies, ce qui, espérons-le, permettra de réduire les coûts des futurs projets.
Il est important d'écouter les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Les parties à l'accord de Paris doivent également fixer des objectifs ambitieux et investir dans les projets nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques.
Dans quel mesure l'UNEA peut-elle contribuer aux discussions mondiales sur la justice environnementale et l'intersection entre la protection de l'environnement et la justice sociale ? Comment ces questions sont-elles liées aux objectifs de développement durable ?
L'UNEA a pour mandat d'encourager les conversations sur les questions environnementales émergentes qui nécessitent une attention particulière. L'interconnexion entre la dégradation de l'environnement et la justice sociale est préoccupante. Les plus vulnérables d'entre nous sont aussi ceux qui sont le plus gravement touchés par le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution.
La justice environnementale exige un traitement équitable et une participation significative de tous. Les processus d'élaboration, de mise en œuvre et d'application doivent être transparents et inclusifs.
Le PNUE a, pendant de nombreuses années, travaillé à l'établissement et au renforcement du droit de l'environnement. Cela est essentiel pour une bonne gouvernance environnementale. Sans bonne gouvernance, il ne peut y avoir de justice, et donc de développement durable.
La dégradation de l'environnement affaiblit les chances des générations futures. Un engagement significatif avec les groupes les plus touchés est essentiel pour trouver des solutions qui ne laissent personne derrière. Je me réjouis de pouvoir interagir avec les jeunes et les autres parties prenantes dans la perspective de l'UNEA.
Pour progresser en matière de justice environnementale, nous devons continuer à faire en sorte que nos efforts dans ce domaine tiennent davantage compte des différences entre les sexes et renforcent mutuellement la protection des droits de l'homme. Les défenseurs des droits de l'environnement doivent également être protégés.
Les précédentes Assemblées des Nations unies pour l'environnement ont adopté des résolutions sur ces questions. Et nous devons poursuivre ce travail. Le renforcement de la mise en œuvre est une prochaine étape clé.