Les ressources naturelles de la planète sont en train d'être pillées alors que nous dépendons d'une grande partie d'entre elles pour assurer nos moyens de subsistance. Ces derniers font face à une nouvelle menace : la criminalité environnementale (rapport INTERPOL-PNUE 2016).
Il est largement admis que les crimes contre l'environnement font partie des formes les plus rentables d’activités criminelles transnationales. Selon les estimations, leur valeur monétaire se situait entre 91 et 259 milliards de dollars américains en 2016, probablement la quatrième activité criminelle la plus lucrative après le trafic drogue, la contrefaçon et le trafic d'êtres humains. Cette estimation correspond à une augmentation de 26% par rapport à 2014 et la criminalité de ce type devrait encore augmenter de 5 à 7% par an.
Selon le rapport rapport INTERPOL-PNUE 2016, les activités illégales liées à l'environnement, à la biodiversité ou aux ressources naturelles sont souvent lucratives et impliquent des risques relativement faibles pour les criminels. Les crimes contre l’environnement n’étaient auparavant pas considérés comme une priorité dans certains pays, d'où un manque d'intervention gouvernementale appropriée et adapté.
Une récente étude d'ONU Environment intitulée The State of Knowledge of Crimes that have Serious Impacts on the Environment, se penche sur cinq des domaines de criminalité environnementale les plus répandus dans le monde :
Criminalité liée aux espèces sauvages : selon l'Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN), la criminalité liée aux espèces sauvages est particulièrement persistante en Afrique, Asie et Amérique latine, où toutes sortes d'espèces (mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens, insectes et plantes) sont touchées.
Exploitation illégale du bois : l'Union internationale des instituts de recherches forestières a signalé en 2016 que l'exploitation forestière illégale a touché tous les continents et est répandue dans toutes les régions forestières tropicales telles que la Chine, l'Inde et le Vietnam, les trois principaux importateurs de bois tropicaux légaux et illégaux.
Pêche illégale : Un rapport datant de 2013 du PEW Charitable Trust indique que la pêche illégale est pratiquée dans le monde entier dans les zones économiques exclusives des pays et dans les eaux internationales.
Criminalité liée à la pollution de l'environnement : Le déversement et le commerce illégaux de déchets ont entraîné une contamination mondiale de l'air, des terres et des systèmes hydriques (y compris les nappes phréatiques et les systèmes fluviaux) et menacent les écosystèmes locaux, nuisant ainsi aux animaux et aux plantes en plus de nuire aux êtres humains.
Les pays à l'origine du trafic des déchets sont principalement les pays développés. L'Union européenne, les États-Unis, le Japon et l'Australie sont généralement identifiés comme les principaux exportateurs de déchets illégaux. Les principaux continents de destination des déchets illégaux sont l'Afrique (Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Nigéria, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Bénin et Sénégal) et l'Asie (Chine, Hong Kong, Indonésie, Inde, Malaisie, Pakistan et Vietnam).
La production et la consommation illégales de chlorofluorocarbones (CFC), d'hydrochlorofluorocarbures (HCFC) et d'autres substances appauvrissant la couche d'ozone entrent également dans cette catégorie. Ces substances endommagent le système immunitaire des animaux, débouchant sur une vulnérabilité aux maladies infectieuses et une productivité réduite des plantes et du phytoplancton.
Exploitation minière illégale : L'exploitation minière illégale est répandue en Afrique, en Amérique latine et dans certaines régions d'Asie, où elle est de plus en plus une préoccupation majeure du public. Elle a de graves incidences sur l’environnement, notamment la pollution par le mercure provenant de l’exploitation artisanale de l’or, la destruction de la flore et de la faune naturelles, la pollution, la dégradation du paysage et les risques de radiation.
Les principales lacunes
L'étude d'ONU Environnement a identifié plusieurs lacunes majeures de l'intervention face à la criminalité environnementale. Le manque de données, de connaissances et de sensibilisation, le manque de législations et leur utilisation limitée, le manque de volonté institutionnelle et de gouvernance, le manque de capacités dans la chaîne de contrôle, le manque de coopération nationale et internationale et le manque de partage d'informations entre les autorités les communautés locales figuraient parmi celles énumérées.
Afin de combler ces lacunes, la communauté internationale doit réintroduire des programme sur les atteintes à l’environnement, initier des actions concertées et partager des informations, reconnaître et traiter les atteintes à l'environnement comme une grave menace pour la paix et le développement durable et renforcer l’état de droit à tous les niveaux.
ONU Environnement aide les pays à mettre en place des cadres juridiques solides en matière de criminalité environnementale en élaborant des directives pour permettre aux autorités nationales de se conformer aux lois environnementales.
ONU Environnement participe également au renforcement des capacités de tous les acteurs impliqués dans la mise en application du droit de l’environnement tels que la police, les procureurs et les douanes. ONU Environnement s'est récemment associé à l'Africa Prosecutors Association pour assurer la création de manuels et de programmes de formation sur poursuites pénales dans le cadre de la criminalité environnementale et aider les pays à intégrer la lutte contre la criminalité environnementale dans les programmes de formation de la police et des procureurs afin de renforcer leurs capacités à mener des enquêtes et à des poursuites pénales. Ce type de formation a déjà été organisé en Ouganda.
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