Les aliments sont, bien sûr, essentiels à la vie.
Mais, comble de l'ironie, ce que nous mangeons est à l'origine de certaines des plus grandes menaces pour la survie de l'humanité. De plus en plus de preuves montrent que nos systèmes de production alimentaire industrialisés sont une source de pollution, un facteur de changement climatique et une cause de perte de biodiversité.
Mais vous pouvez contribuer à changer cette situation. Voici 10 mesures simples que vous pouvez prendre dès aujourd'hui pour réduire l'impact environnemental de votre alimentation.
1. Comprendre l'alimentation comme un processus et non comme un produit
On voit souvent des aliments sur les étagères d'une épicerie et on se demande rarement comment ils sont arrivés là.
Pourtant, entre le producteur et l'assiette, les aliments doivent être transformés, emballés, transportés, commercialisés et vendus. Nombre de ces étapes peuvent être dommageables pour la planète. Lorsque vous tenez compte de l'ensemble du système alimentaire, vous êtes mieux placé pour faire des choix éclairés sur ce que vous mangez.
2. Soutenir l'agriculture durable
Il est préférable d'acheter ses aliments auprès de producteurs et de détaillants spécialisés dans les produits durables.
L'agriculture durable utilise jusqu'à 56 % d'énergie en moins, produit 64 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins (en anglais) et permet une plus grande biodiversité que l'agriculture conventionnelle. Et comme les produits issus de l'agriculture durable nécessitent généralement plus de main-d'œuvre, ils peuvent créer 30 % d'emplois en plus, obtenir des prix plus élevés et générer des revenus plus importants.
3. Savoir ce qu'on mange
Les pesticides, les herbicides (en anglais) et les médicaments antimicrobiens sont souvent utilisés pour augmenter le rendement des cultures et du bétail, mais ils peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Les rejets des exploitations agricoles peuvent également contaminer les écosystèmes aquatiques et polluer les sols.
Lisez les étiquettes, posez des questions et informez-vous sur la provenance des aliments et la façon dont ils sont produits. Choisissez des aliments complets issus de l'agriculture durable plutôt que des produits alimentaires issus de l'agriculture intensive et hautement transformés lorsque vous le pouvez. Préparez vos repas à la maison, au lieu d'acheter des plats à emporter.
4. Planter son propre potager
En faisant pousser ses propres produits, le consommateur n'aura plus besoin de produits chimiques, comme les pesticides, ni d'emballages, de conservateurs, de carburant pour le transport et le stockage des aliments dans la chaîne du froid. Les fruits, légumes et herbes sous leur forme la plus naturelle sont également les plus nutritifs. Ils sont riches en vitamines, avec des effets antioxydants et anti-inflammatoires, et leur coût est relativement faible.
Faites participer vos voisins et amis à la création d'un jardin communautaire. Faites pousser des fruits et des légumes autour de chez vous, sur votre balcon ou sur le rebord de votre fenêtre.
5. Acheter local
En plus de soutenir les petites entreprises et les exploitations agricoles, acheter des aliments produits localement réduit les émissions de combustibles fossiles associées au transport et au stockage de la chaîne du froid. Il réduit également le risque de perte de nourriture en cours de route.
Établir des relations avec les producteurs et les détaillants locaux est un moyen de comprendre comment les aliments ont été produits, d'engager le dialogue, d'exprimer ses préoccupations et d'échanger des idées.
6. Adopter un régime riche en fruits & légumes
La demande en protéines animales à forte intensité de ressources a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années. Actuellement, environ 60 % des terres agricoles mondiales sont utilisées pour le pâturage du bétail (en anglais) et les habitants de nombreux pays consomment plus d'aliments d'origine animale que ce qui est sain (en anglais).
Adopter des régimes alimentaires riches en végétaux permettrait d'utiliser moins de terres, de produire moins de gaz à effet de serre, de consommer moins d'eau et d'améliorer le bien-être des animaux. Cela permettrait également de disposer de plus de terres cultivables, ce qui est crucial dans un contexte où la population mondiale devrait atteindre 9 milliards d'habitants en 2050. L'adoption d'une alimentation riche en végétaux pourrait également contribuer à réduire les maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et le cancer, ainsi que les coûts de traitement et les pertes de revenus qui y sont associés.
7. Diversifier son alimentation
Dans le monde entier, les régimes alimentaires sont de plus en plus homogènes et reposent de manière disproportionnée sur des cultures riches en énergie, mais pauvres en macronutriments. Au cours des 100 dernières années, plus de 90 % des variétés de cultures ont disparu. Aujourd'hui, seules neuf espèces végétales représentent 66 % de la production végétale totale. Près d'une personne sur trois souffre d'une forme de malnutrition, et de nombreux pays sont confrontés à des problèmes simultanés de dénutrition et de surpoids ou d'obésité.
Selon la commission EAT-Lancet, l'adoption d'une alimentation saine, composée d'une diversité d'aliments d'origine végétale, et l'abandon des aliments hautement transformés et des régimes riches en céréales raffinées et en sucre ajouté, pourraient prévenir jusqu'à un quart des décès d'adultes.
8. Réduire les déchets alimentaires
Un tiers de la nourriture produite est soit perdue, soit gaspillée. Ce phénomène ne concerne pas seulement les magasins ou les restaurants, ni les ménages aisés. Le rapport sur l'indice du gaspillage alimentaire du Programme des Nations unies pour l'environnement révèle qu'il s'agit d'un phénomène mondial qui touche tous les niveaux de revenus.
Pour réduire le gaspillage, planifiez à l'avance et n'achetez que les aliments que vous pourrez utiliser. Tirez parti de chaque partie comestible des aliments que vous achetez. Mesurez les portions de riz et d'autres aliments de base avant de les faire cuire, entreposez correctement les aliments (utilisez votre congélateur si vous en avez un), faites preuve de créativité avec les restes, partagez les surplus avec vos amis et voisins et contribuez à un programme local de partage des aliments. Enfin, faites du compost avec les restes non comestibles et utilisez-le pour fertiliser votre jardin.
9. Éviter les emballages inutiles
Les emballages alimentaires ont tendance à finir dans les décharges (en anglais) et, chaque année, environ 5 000 milliards de sacs en plastique à usage unique (en anglais) polluent la terre et la mer.
Dans la mesure du possible, choisissez des produits alimentaires non emballés ou emballés de manière durable ou minimale. Utilisez des paniers pour faire vos courses, emportez des sacs réutilisables ou en tissu et conservez les aliments dans des bocaux en verre ou enveloppez-les dans de la cire d'abeille ou d'autres matériaux durables.
10. Se faire entendre
Le monde dépense environ 1 million de dollars par minute (en anglais) pour subventionner les systèmes alimentaires existants, ce qui fausse les marchés, empêche le changement et nuit à la santé humaine et environnementale.
Demandons aux gouvernements et aux décideurs politiques de favoriser une transition vers une agriculture durable et de donner la priorité à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires dans leurs plans d'action contre le changement climatique. Demandez aux producteurs, aux détaillants et aux services de faire preuve de transparence en ce qui concerne les pratiques agricoles, les ingrédients et leurs valeurs nutritionnelles.
Enfin, devenez un défenseur de cette cause au sein de vos cercles sociaux. Utilisez vos plateformes de réseaux sociaux pour partager des informations, des recettes, des idées et de l'inspiration. Formez des réseaux, lancez des projets, faites entendre votre voix.
Afin de s'orienter vers une transformation mondiale, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, convoquera le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires en septembre 2021. Soutenant la transition vers des systèmes alimentaires qui ont des impacts positifs nets sur la nutrition, l'environnement et les moyens de subsistance, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) contribue au programme des systèmes alimentaires durables du réseau One Planet Network (en anglais), en dirigeant l'élaboration d'une ligne directrice (en anglais) pour l'élaboration de politiques collaboratives et l'amélioration de la gouvernance. Le PNUE est également membre de la Plateforme pour des partenariats transformateurs, qui informe les donateurs et les décideurs et encourage l'innovation. Le PNUE est également le gardien de l'élément relatif au gaspillage alimentaire de l'objectif de développement durable 12.3, qui engage les États membres à réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau du commerce de détail ; il élabore actuellement l'indice du gaspillage alimentaire (en anglais), une banque de données mondiale sur le gaspillage alimentaire permettant aux pays de suivre leurs progrès vers cet objectif.