De nouvelles recherches indiquent que les parcs éoliens et solaires déployés à grande échelle dans le désert du Sahara pourraient non seulement fournir toute l'énergie nécessaire à la consommation mondiale, mais également dynamiser la végétation et améliorer les moyens de subsistance dans les zones arides adjacentes.
L’idée que des parcs solaires et éoliens recouvrent l’ensemble du désert du Sahara n’est pas nouvelle, mais elle est intéressante : en théorie, suffisamment d’énergie renouvelable pourrait être produite pour répondre à la demande mondiale actuelle en électricité.
Par ailleurs, une étude récente indique qu'une telle installation pourrait également augmenter les précipitations et la végétation, en créant une boucle qui rendrait l'environnement du Sahara et du Sahel adjacent (une terre aride appauvrie allant du Sénégal à Djibouti) plus vert.
La modélisation réalisée par cette étude indique qu’un nombre considérable d’éoliennes et de panneaux solaires installées au Sahara pourrait entraîner une augmentation de la température locale et une multiplication par deux des précipitations, en particulier dans le Sahel, en raison du frottement accru de la surface et de la réduction de l’albédo (la proportion de lumière incidente ou rayonnement réfléchi par une surface) : les panneaux solaires réfléchissent moins le soleil que le sable saharien, réchauffant ainsi le sol.
L'augmentation de la densité de la végétation réduirait davantage l'albédo de surface. De plus, la végétation augmenterait l'évaporation, le frottement de la surface, la couverture nuageuse et, par conséquent, les précipitations. Dans les études précédentes, le retour de la végétation avait été négligé.
Les parcs éoliens à la surface conséquente entraînent également une augmentation des précipitations. Leurs pales « provoquent un réchauffement régional significatif sur la température de l'air proche de la surface… avec des variations de la température minimale plus importantes que la température maximale », indique l'étude. « Le réchauffement est accru durant la nuit car les éoliennes peuvent améliorer le mélange vertical et faire descendre l'air plus chaud du haut vers le bas, en particulier pendant les nuits à la météo stable. »
Selon l'étude, la région la plus susceptible de bénéficier d'une telle installation serait le Sahel : « L'augmentation de précipitations la plus importante se produirait dans le Sahel, avec une magnitude de changement comprise entre +200 et +500 mm de précipitations par an, ce qui est suffisamment important pour avoir des impacts écologiques, environnementaux et sociétaux majeurs », indique l'étude.
« Des investissements importants dans la production solaire et éolienne [dans le désert du Sahara] pourraient favoriser le développement économique du Sahel, l'une des régions les plus pauvres du monde, et fournir une énergie propre pour faciliter le dessalement et la fourniture d'eau pour les villes et la production alimentaire », l'étude ajoute.
Les « oui mais… »
Le plus gros obstacle à tout projet d'énergie renouvelable à grande échelle pour le Sahara est d'ordre politique. Pour que cela fonctionne, toutes les parties concernées, y compris les groupes actuellement qualifiés de terroristes, doivent faire preuve de leur soutien politique.
Le risque de tempêtes de sable, qui pourrait endommager les installations ou nuire à leur efficacité, doit également être pris en compte.
La maintenance d'un système solaire/éolien aussi important pourrait également s'avérer un défi énorme et très coûteux, si la construction de routes dans le désert devait être envisagée. Comment remplacer des centaines (peut-être) de panneaux solaires défectueux chaque jour ? Des équipes se déplaçant en chameaux pourraient-elles être déployées ? De nouvelles conceptions de panneaux solaires seraient peut-être nécessaires pour les rendre biodégradables (les panneaux sont actuellement en aluminium, et nécessitent une grande quantité d'énergie pour leur fabrication).
Parmi les avantages, des panneaux solaires pourraient être conçus pour recueillir une cuillerée à café de condensation d’eau par panneau. Rien n'est impossible si la volonté politique est forte.
« Alors que la communauté internationale n’est toujours pas à en mesure d’atteindre les objectifs les plus modestes en matière de changement climatique énoncés dans l’Accord de Paris, des objectifs ambitieux s'appuyant sur des informations scientifiques rigoureuses et une volonté politique internationale sont le meilleur espoir que nous avons pour éviter d’atteindre un point de basculement, où quoi que nous fassions sera insuffisant et trop tardif », a déclaré Niklas Hagelberg, spécialiste des changements climatiques à ONU Environnement.
ONU Environnement publiera la dernière version de son rapport Écart entre les perspectives et les besoins en matière d'émissions en novembre.
Pour davantage d'information, veuillez contacter Niklas Hagelberg