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15 Sep 2021 Récit Climate Action

Réparer la couche d'ozone : comment le monde s'est uni pour venir à son secours

Les années 80 ont été plutôt tumultueuses. La chute du mur de Berlin en 1989 a remodelé l'avenir, annonçant l'aube d'un nouvel ordre mondial. Mais un autre événement important, certes moins connu de cette décennie a eu lieu deux ans plus tôt, lorsque les gouvernements se sont réunis pour inverser les dommages causés à la couche d'ozone et s'assurer que nous avions un avenir viable à remodeler.

L'adoption du protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone, le 16 septembre 1987, a marqué un tournant dans l'histoire de la protection de l'environnement. Cet événement a également montré que lorsque la science et la volonté politique vont de paire, les résultats peuvent changer le monde.

"Face à une triple crise planétaire - climat, nature et pollution (en anglais) - le Protocole de Montréal est l'un des meilleurs exemples que nous ayons du résultat positif et puissant du multilatéralisme", souligne Meg Seki, secrétaire exécutive du Secrétariat de l'ozone du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). "Lorsque des données scientifiques solides constituent la base d'une action universelle, nous pouvons surmonter des défis environnementaux mondiaux qui peuvent sembler insurmontables."

 

Des politiques fondée sur la science

https://www.youtube.com/watch?v=MgUobxtdm4A

L'histoire remarquable de la bataille pour sauver la couche d'ozone est rendue possible grâce à la science. 

Au milieu des années 1970 (en anglais), des scientifiques ont lancé un avertissement selon lequel les produits chimiques fabriqués par l'homme et présents dans des produits quotidiens tels que les aérosols, les mousses, les réfrigérateurs et les climatiseurs nuisaient à la couche d'ozone. À l'époque, ils ne connaissaient pas l'ampleur du problème. Mais en 1985, il a été confirmé qu'un trou s'était formé dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique. Le bouclier solaire naturel de la planète, qui protège les êtres humains, les plantes, les animaux et les écosystèmes d'un rayonnement ultraviolet excessif, avait été rompu.

Soudain, l'avenir a été assombri par des cancers de la peau, des cataractes... La perspective de plantes et de cultures en voie de disparition, d'écosystèmes endommagés s'est profilée. Il n'y avait pas de temps à perdre. Les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme et le monde a écouté. 

En 1985, les gouvernements ont adopté la Convention de Vienne pour la protection de la couche d'ozone, qui a servi de cadre au protocole de Montréal visant à éliminer progressivement les substances appauvrissant la couche d'ozone, notamment les chlorofluorocarbones (CFC). Le Protocole est entré en vigueur en 1989 et, en 2008, il était le premier et le seul accord environnemental des Nations unies à être ratifié par tous les pays du monde. 

Le PNUE a joué un rôle clé dans ce processus réussi. Il a négocié la Convention de Vienne et, depuis 1991, il héberge le Secrétariat de l'ozone à Nairobi, au Kenya. 



En voie de guérison

Les résultats ont été spectaculaires (en anglais). Environ 99 % des substances appauvrissant la couche d'ozone ont été progressivement éliminées et la couche protectrice au-dessus de la Terre se reconstitue. Le trou dans la couche d'ozone de l'Antarctique devrait se refermer d'ici les années 2060, tandis que d'autres régions retrouveront les valeurs d'avant 1980 encore plus tôt. Chaque année, on estime que deux millions de personnes sont épargnées par le cancer de la peau. Les bénéfices sont également plus larges, car bon nombre des gaz qui appauvrissent la couche d'ozone font également augmenter les températures mondiales. 

Une étude récente (en anglais) a montré que sans l'interdiction des CFC par le protocole de Montréal, une quantité moindre de carbone aurait été stockée dans les plantes, la végétation et le sol, ce qui aurait pu entraîner un réchauffement climatique supplémentaire de 0,5 à 1,0 degré Celsius.

"Face à une triple crise planétaire - climat, nature et pollution - le protocole de Montréal est l'un des meilleurs exemples que nous ayons qui montre le résultat positif et puissant du multilatéralisme".

Meg Seki, secrétaire exécutive du Secrétariat de l'ozone du PNUE.

Bien que l'adoption du protocole de Montréal ait marqué un tournant décisif, il ne s'agissait pas d'une solution unique. Le travail se poursuit, et les scientifiques constituent toujours la première ligne de défense.

Le protocole de Montréal est soutenu par trois groupes d'évaluation scientifique, qui informent les décideurs. Par exemple, ces groupes ont mis en garde contre l'augmentation inattendue des émissions de trichlorofluorométhane (CFC-11) appauvrissant la couche d'ozone au cours des dernières années, en raison de leur production illégale.

La dernière réunion des responsables de la recherche sur l'ozone a souligné la nécessité de rester vigilant.

Bien que d'énormes progrès aient été réalisés, il faudra encore des décennies pour que le trou dans le couche d'ozone se referme complètement, et cela sera uniquement possible si le protocole de Montréal est respecté intégralement et en permanence. Il faut également continuer à surveiller l'atmosphère, même pour les substances prétendument interdites, comme le CFC-11, et pour les effets possibles de l'augmentation des températures de surface dans les régions polaires sur l'ozone stratosphérique.

Nouveaux risques

Le protocole a été mis à jour pour faire face à de nouveaux risques. En 2016, l'amendement de Kigali a été adopté pour éliminer progressivement les hydrofluorocarbones (HFC), de puissants gaz à effet de serre souvent utilisés pour remplacer les substances appauvrissant la couche d'ozone interdites dans les réfrigérateurs et les climatiseurs. La demande de ces produits chimiques étant appelée à augmenter, les experts estiment qu'il est plus urgent que jamais que les pays ratifient l'amendement. 

"La ratification de l'amendement de Kigali sera déterminante dans la lutte contre le changement climatique", a déclaré Mme Seki. "Il encourage les pays à éliminer progressivement les HFC, ce qui permettrait également améliorer les systèmes de refroidissement en les rendant plus durables, plus respectueux de la couche d'ozone et de l'environnement."

Jusqu'à présent, l'amendement de Kigali, qui est entré en vigueur en 2019, a été ratifié par 123 pays. Il encourage également le développement et l'utilisation de technologies de refroidissement plus efficaces sur le plan énergétique. L'adoption de réfrigérants alternatifs à faible potentiel de réchauffement planétaire pourrait potentiellement doubler les avantages de l'amendement pour le climat, selon cette récente évaluation scientifique.

L'amélioration des chaînes du froid pour réduire les pertes alimentaires et pour une manipulation plus sûre des vaccins est au cœur de la campagne 2021 pour la Journée mondiale de l'ozone, le 16 septembre. Le thème de cette année est le protocole de Montréal : "Pour que nous, nos aliments et nos vaccins restions au frais".

Le PNUE est également à la tête de la Cool Coalition, un effort conjoint de plus de 100 gouvernements, villes, entreprises, organisations de développement et groupes de la société civile, qui aide les pays et l'industrie à prendre des mesures pour répondre à la demande croissante de refroidissement, tout en contribuant à l'Accord de Paris, au Protocole de Montréal et à l'Agenda 2030. Avec ses partenaires, la Cool Coalition favorise le plaidoyer, la connaissance et l'action pour accélérer la transition mondiale vers un refroidissement efficace et respectueux du climat. Un projet de démonstration appelé Prāṇa est actuellement en cours pour soutenir des chaînes du froid durables pour la chaîne d'approvisionnement agricole et de vaccins dans le district de Villupuram, Tamil Nadu, en Inde.

Éduquer la prochaine génération

En janvier, le Secrétariat de l'ozone a lancé "Reset Earth", une plateforme éducative innovante destinée aux adolescents sur le rôle de la couche d'ozone et du Protocole de Montréal. 

Cette plateforme comprend un film d'animation qui imagine ce qui se serait passé si la couche d'ozone n'avait pas été sauvée. Trois adolescents, dont la vie est gâchée par les rayons ultraviolets du soleil, doivent voyager dans le temps pour s'assurer que le protocole est signé. Un jeu mobile pour Android et iOS a été développé en parallèle. Il suit le même scénario, les joueurs devant progresser à travers différentes étapes en travaillant ensemble.

Le Secrétariat de l'ozone se prépare également à lancer le portail éducatif Reset Earth, avec des boîtes à outils et des cahiers d'exercices pour les enseignants, en janvier 2022.

"La protection de la couche d'ozone est notre engagement et notre responsabilité à long terme. Chaque génération doit prendre le relais pour assurer la survie du bouclier protecteur de notre planète. Enseigner le Protocole de Montréal à la prochaine génération, c'est lui donner la certitude que les défis environnementaux peuvent être relevés si nous écoutons la science et travaillons ensemble", a déclaré Andrea Hinwood, scientifique en chef du PNUE.

Cet article fait partie d'une série d'articles liée au 50e anniversaire du PNUE. Pour d'autres articles et une chronologie des événements environnementaux marquants du dernier demi-siècle, veuillez consulter notre section PNUE@50.

Le Protocole de Montréal

Le Protocole de Montréal est un accord mondial visant à protéger la couche d'ozone de la Terre en éliminant progressivement les substances chimiques qui l'appauvrissent. Cet accord historique, entré en vigueur en 1989, est l'un des accords environnementaux mondiaux les plus réussis. Grâce à l'effort de collaboration des nations du monde entier, la couche d'ozone est en voie de reconstitution et de nombreux avantages environnementaux et économiques ont été obtenus.