Comme souligné dans la réponse du PNUE à la COVID-19, les mesures de relance budgétaire offrent la possibilité d’entamer un redressement transformateur et écologique assorti de la création d’emplois verts et de mieux reconstruire, en adoptant notamment au plus vite les approches intégrées axées sur le cycle de vie. Le PAM promouvra des actions en ce sens dans la région méditerranéenne dans le cadre de sa structure juridique et politique, en faveur, notamment, de la consommation et de la production durables,de l’économie circulaire, des emplois verts, des énergies marines renouvelables, du tourisme durable, des solutions fondées sur la nature et de la transition vers une économie bleue durable.
La déclaration de Naples adoptée par les Parties contractantes lors de leur 21eréunion (COP21, Naples, Italie, 2-5 décembre 2019) a mis en avant un consensus régional sur l’importance de construire la prospérité économique et de contribuer à la stabilité de la région en créant des emplois verts et des opportunités d’innovation dans le plein respect de la protection de l’environnement, dans le cadre d’une approche circulaire et d’un modèle de bonne gouvernance.. Le PAM entend s’appuyer sur ce consensus pour veiller à ce que le redressement post-COVID-19 soit entièrementfondé sur les principes de la protection de l’environnement et du développement durable.
Pour mieux reconstruire, il faudra également que les Parties contractantes utilisent efficacement les instruments existants promus par la Convention de Barcelone et ses protocoles, et notamment l’évaluation stratégique environnementale et l’évaluation de l’impact des investissements sur l’environnement. Les options de politique budgétaire vertes (Par exemple, conditionner l’accès aux subventions et aux fonds en faveur de la relance à la mise en œuvre de critères de durabilité définis et de garanties environnementales) peuvent être un puissant levier pour orienter les actions vers des stratégies fondées sur la nature et neutres pour le climat.
En vue de mieux reconstruire, la consommation et la production durables devraient être placées au cœur du redressement post-COVID. Les mesures prises pour faire face à la pandémie ont conduit la population à abandonner des pratiques négatives, ou à les modifier et à les remplacer par d’autres, en particulier dans des domaines tels que l’hygiène, l’approvisionnement alimentaire, la mobilité, les achats, les loisirs ou les travaux ménagers.
Les comportements durablesobservés pendant la pandémie pourraient poser les jalons d’une adoption et d’une utilisation à plus grande échelle de la CPD dans le cadre d’une nouvelle normalité verte. La situation extraordinaire que nous avons vécue a prouvé que cette évolution était possible à condition de créer des incitations adéquates et d’imposer des conditions appropriées. La mise en œuvre du plan d’action régional sur la CPD en Méditerranée donnera lieu à un redressement vert en mettant en place les conditions nécessaires pour que les pratiques jugées durables deviennent la « nouvelle norme ».
La réponse du PAM concernera lesenjeux prioritaires suivants :
- prendre en compte les effets de la COVID-19 dans le processus d’évaluation à mi-parcours du plan d’action régional sur la CPD et la SMDD, ainsi que dans l’élaboration de la prochaine stratégie à moyen terme (SMT) 2022-2027. La dynamique mondiale en faveur d’une utilisation plus réfléchie et harmonisée de la «terminologie CPD» seront également suivies de près, car elles peuvent contribuer à rassembler les communautés actuellement fragmentées qui travaillent sur l’économie circulaire et verte, la croissance verte et une transition inclusive vers la CPD.
- examiner les liens potentiels entre les efforts de redressement et l’Accord de Paris. Les contributions déterminées au niveau national (CDN) peuvent également être examinées dans la nouvelle SMT dans le cadre du cadre régional d’adaptation au changement climatique pour les zones marines et côtières de la Méditerranée. À cet égard, les possibilités offertes par les plans de relance post-COVID-19 en matière de solutions fondées sur la nature, de restauration des écosystèmes, de sauvegarde de la biodiversité et d’infrastructures vertes doivent être promues;
- la COVID-19 devrait exercer des pressions supplémentaires sur le secteur de l’eau en Méditerranée, déjà confronté à des défis importants, et notamment à une demande accrue d’approvisionnement en eau afin d’appliquer les mesures d’hygiène recommandées par les autorités sanitaires, associée à une éventuelle réduction des investissements en capital et des revenus des services publics. Dans ce contexte, et compte tenu deseffets du changement climatique sur les ressources en eau de la région, il conviendra de mettre en place, au cours de la période post-COVID-19, des systèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) plus efficaces et rationalisés dans des plans d’adaptation au changement climatique. Ces éléments doivent être pris en compte dans la SMT2022-2027, dans le cadre du Protocole relatif à la gestion. intégrée des zones côtières (GIZC), qui peut offrir une base juridique à l’intégration de la gestion de l’eau etde l’adaptation au changement climatique au travers des stratégies nationales de GIZC et des plans et programmes de mise en œuvre côtière. À cette fin, il convient d’explorer les possibilités de soutien financier envisageables, y compris dans le cadre du Fonds vert pour le climat;
- évaluer les conséquences de la crise de COVID-19 sur le tourisme, l’un des principaux secteurs économiques de la région méditerranéenne, en tenant dûment compte, notamment, des différents critères d’évaluation de la capacité decharge, en vue de garantir les distances et les comportements de sécurité, et promouvoir des formes de tourisme plus durables;
- élaborer de nouveaux schémas d’aménagement du territoire et de développement urbain visant à garantir l’existence de davantaged’espaces ouverts et verts et la promotion de solutions fondées sur la nature, d’infrastructures vertes et bleues, etc. Comme le prévoit l’article 18 du protocole GIZC, les plans et programmes côtiers constituent des instruments adéquats pouvant être utilisés dans ce domaine;
- promouvoir les ASPIM/AMP et d’autres mesures efficaces de conservation liées aux aires dans le cadre de plans visant à mieux reconstruire, car elles favorisent non seulement la préservation des écosystèmes, mais peuvent également assurer la pérennité d’activités génératrices de revenus pour les collectivités locales et créer des emplois durables supplémentaires;
- s’assurer que les efforts pour mieux reconstruire s’appuient sur des analyses socioéconomiques solides. Ainsi, le prochain Rapport sur l’état de l’environnement et du développementen Méditerranée peut servir de base à l’élaboration d’actions du PAM, car il constitue le socle de connaissances le plus récent et le plus complet sur l’environnement et le développement dans la région méditerranéenne. Une intégration plus poussée de l’évaluation socioéconomique dans les activités du PAM sera également envisagée, au travers de l’introduction d’un élément transversal sur l’évaluation socioéconomique de l’ensemble des activités principales dans la prochaine stratégie à moyen terme, par exemple;
- renforcer les partenariats avec la société civile : des consultations doivent être organisées pour examiner les problèmes communs et les réponses communes à y apporter. Les plateformes numériques du PAM peuvent servir d’outil pour diffuser des informations actualisées et promouvoir les meilleures pratiques de toute la région;
- favoriser les partenariats et la coopération inclusifs avec les acteurs régionaux et mondiaux concernés comme condition préalable à une riposte efficace à l’échelle régionale. La participation du secteur privé sera cruciale pour promouvoir des pratiques durables et des approches fondées sur le cycle de vie, accroître l’offre de produits et de services durables et soutenir les entreprises et l’esprit d’entreprise écologiques. En adoptant des modèles durables et circulaires, les entreprises peuvent dissocier l’activité économique de la consommation de matières premières vulnérables aux risques climatiques et à d’autres crises et chocs, et construire des chaînes d’approvisionnement plus diversifiées, moins centralisées, plus flexibles et plus résistantes. Les activités de SCP/RAC dansle développement de partenariats nationaux menéspar des organisations de soutien aux entreprises dans les pays du sud de la Méditerranée afin d’appuyer le développement d’entreprises vertes et circulaires (initiative SwitchMed) contribuerontà cet effort nécessaire. La récente décision de la 21èmeRéunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone (COP 21)portant sur le «développement d’un ensemble de mesures régionales visant à appuyer le développement d’entreprises vertes et circulaires et à renforcer la demande de produits plus durables» servira de base à cet égard et sa mise en œuvre prendra en considération les répercussions de la crise de COVID-19;
- considérer l’amélioration des instruments économiqueset le recours à ceux-ci s’agissant de l’utilisation et de la gestion durables des ressources marines et côtières, en collaboration avec les acteurs concernés, comme une priorité.