Athènes, 14 Décembre 2021— La 22e réunion (COP 22) des Parties contractantes à la Convention pour la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Convention de Barcelone) et de ses protocoles, s’est tenue à Antalya en Turquie, du 7 au 10 décembre 2021. La conférence a adopté une décision sans précédent sur la désignation de la mer Méditerranée, dans son ensemble, comme zone de contrôle des émissions d'oxydes de soufre (ECA SOx Med ) conformément à l'annexe VI de la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL).
La décision est l'aboutissement d'intenses consultations entre les Parties contractantes, facilitées par le Plan d'action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE/PAM). Elle ouvre la voie à la soumission, en 2022, d'une proposition conjointe et coordonnée sur la désignation de l’ ECA SOx Med au 78e Comité de protection du milieu marin (MEPC 78) de l'Organisation Maritime Internationale (OMI). L’ECA SOx Med pourrait entrer en vigueur en janvier 2025.
« La décision historique en dit long sur l'importance du système PNUE/PAM-Convention de Barcelone en tant que cadre efficace pour une action multilatérale sur la protection de l'environnement et le développement durable dans les régions méditerranéennes. Une fois de plus, la solidarité méditerranéenne, valeur importante que défend la Convention PNUE/PAM-Barcelone, a prévalu. Cette réalisation a été rendue possible grâce à l'engagement des Parties contractantes et avec le soutien du Plan Bleu et du REMPEC deux Centres d'activités régionales du PNUE/PAM », a déclaré Tatjana Hema, la coordinatrice du PNUE/PAM.
La mer Méditerranée reste l'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. En 2019, environ 24 % de la flotte mondiale de navires et plus de 17 % des croisières dans le monde sont passés par le bassin. Les émissions des navires contribuent à la dégradation globale de la qualité de l'air dans la région méditerranéenne, en particulier dans les zones côtières. L'exposition à certaines concentrations de polluants atmosphériques est liée aux risques de contracter le cancer du poumon, les maladies cardiovasculaires et l'asthme. En 2016, plus de 228 000 personnes sont décédées prématurément d'une exposition à la pollution atmosphérique, selon le rapport d’État de l'environnement et du développement en Méditerranée (SoED), publication phare du PNUE/PAM produite par le Plan Bleu.
Les bénéfices potentiels de l’ECA SOx Med sont considérables, compte tenu de la profondeur des réductions d'émissions d'oxydes de soufre (SOx) qu'il induirait. L'accord conclu à la COP 22 plafonne la teneur en soufre du fioul à 0,10 % m/m. Cela représente un cinquième de la limite légale mondiale actuelle. Cette limitation est entrée en vigueur le 1er janvier 2020 lorsque l'OMI a ramené la limite de soufre dans le mazout utilisé à bord des navires opérant en dehors des zones de contrôle des émissions désignées à 0,50 % m/m contre 3,5 % m /m. Selon les études entreprises par le PNUE/PAM, l’ECA SOx Med se traduirait par une baisse de 78,7 % des émissions de SOx. De plus, les émissions de particules (PM 2,5) seraient également réduites de 23,7 %.
Un air plus pur signifie une meilleure santé, y compris une vulnérabilité réduite à la COVID-19 - connue pour prendre des formes aiguës lorsque le virus rencontre des conditions sous-jacentes - et d'autres maladies respiratoires et cardiovasculaires. L’ECA SOx Med apporterait également des avantages significatifs pour la nature. Lorsqu'ils sont libérés dans l'atmosphère, les SOx peuvent provoquer des pluies acides et exacerber l'acidification des océans. En plus d'améliorer la qualité de l'air le long du pourtour du bassin méditerranéen, cela profiterait à l'agriculture, à l'élevage et à d'autres activités socio-économiques dans les zones côtières méditerranéennes densément peuplées. La réduction des émissions de SOx serait également une bonne nouvelle pour les professionnels du milieu marin, elle permettrait d'améliorer la visibilité à la fois à l'intérieur des terres et en mer sur de vastes étendues d'Afrique du Nord et dans le détroit de Gibraltar.
« La Méditerranée est sur le point de rejoindre les quatre autres zones de contrôle des émissions de SOx et de particules actuellement en place dans le monde. Au-delà du secteur du transport maritime, la décision historique sur la désignation de l’ECA SOx Med aura des répercussions à travers l'économie bleue en Méditerranée et ses multiples interfaces avec les activités terrestres. C'est une confirmation sans équivoque que le moment est venu d'activer le “green switch” dans la région », a observé Mme Hema.
En plus de la décision sur la désignation de l'ECA Med SOx, la COP 22 a adopté un ensemble substantiel pour la durabilité, y compris le programme d'action stratégique post-2020 pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles dans la région méditerranéenne (post-2020 SAPBIO), la Stratégie méditerranéenne pour la prévention, la préparation et la lutte contre la pollution marine par les navires (2022-2031) et la Stratégie de gestion des eaux de ballast pour la mer Méditerranée (2022-2027).
« Nous n'aurions pas pu imaginer une meilleure façon de célébrer le 45e anniversaire de l'adoption de la Convention de Barcelone », a conclu Mme Hema.
Notes aux rédacteurs
Communiqué de presse: résultats de la COP 22.