La réduction de l'utilisation du plastique semble être l'une des mesures environnementales les plus faciles à prendre. Nous utilisons des sacs de courses réutilisables, nous emportons notre café dans nos tasses personnelles ou recyclons nos bouteilles en plastique et nous avons bonne conscience. Mais ce n'est pas aussi simple. La pollution par les plastiques continue de causer d'immenses dommages à notre planète.
Il n'y a aucun endroit sur Terre, du sommet des montagnes aux profondeurs des océans, qui ne soit pas touché par la pollution par les plastiques. Nous le voyons partout : sacs jetables dérivant sous l'eau, pâle imitation en plastique des méduses ; bouteilles froissées et décolorées jonchant le bord des routes ; plats à emporter et bouteilles de shampoing s'échappant des entrailles de baleines mortes.
Les produits chimiques contenus dans les plastiques peuvent modifier radicalement le fonctionnement normal de nos hormones. Les micro-plastiques constituent une menace pour les communautés côtières où les espèces marines constituent la principale source de nourriture. Une baisse de 1 % des services écosystémiques marins pourrait entraîner une perte annuelle de 500 milliards de dollars en bénéfices écosystémiques à travers le monde. Le plastique est composé de polymères, principalement issus du pétrole et du gaz naturel. C'est l'un des principaux facteurs du réchauffement de la planète.
Nous devons changer de système pour prendre en compte l'ensemble du cycle de vie des plastiques, de l'extraction des matières premières à l'amélioration de la gestion des déchets, en passant par les solutions de remplacement. Nous devons être innovants et éliminer les produits qui sont inutiles, évitables ou problématiques. Concevoir les produits en vue de leur réutilisation et de leur recyclage et veiller à ce qu'ils le soient. Supprimer les additifs dangereux. Ce faisant, nous pourrions réduire de plus de 80 % le volume de plastique entrant dans nos océans d'ici 2040 et réduire de 55 % la production de plastique vierge. Nous pourrions réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 % et créer 700 000 emplois supplémentaires, principalement dans les pays du Sud.
Les nations ont une chance de faire de cette nouvelle économie une réalité si elles acceptent d'entamer des négociations en vue d'un accord mondial solide et complet pour lutter contre la pollution par les plastiques lors de la cinquième réunion de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement (UNEA-5), la plus haute instance décisionnelle mondiale en matière d'environnement.
La dynamique est lancée. Depuis septembre 2021, plus de 150 pays ont exprimé leur intérêt pour la négociation d'un accord mondial, tandis que 74 grandes entreprises les ont exhortés à le faire. Un tel accord devrait être ambitieux et accélérer les mesures visant à remédier à l'impact des plastiques, sur terre et en mer, tout au long de leur cycle de vie. Cela nous permettrait de nous appuyer sur les progrès réalisés jusqu'à présent, qui ne sont pas négligeables. Dans le cadre de l'engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques, par exemple, les entreprises d'emballage plastique ont déclaré qu'elles allaient abandonner les produits à usage unique. Les institutions financières soutiennent l'engagement.
Entre-temps, le degrés de sensibilisation au problème n'a jamais été aussi élevé. Mais être conscient de l'emballement du camion qui fonce sur nous ne signifie pas qu'il faut s'écarter de son chemin. La demande de plastiques continue d'augmenter, et la pandémie ne fait qu'exacerber le problème. Les entreprises continuent d'investir dans de nouvelles productions : une vingtaine de gestionnaires d'actifs détiennent plus de 300 milliards de dollars d'actions dans les sociétés mères des producteurs de produits en plastique à usage unique. Nous devons influencer ces investissements dès maintenant. Le bon accord enverra un message fort : l'industrie du plastique doit changer.