Il y a quelques années à peine, l'approvisionnement en eau de la ville du Cap semblait garanti. L'accès à l'eau dans la plus grande ville d'Afrique du Sud était considéré comme acquis et les résidents aisés étaient fiers de leurs pelouses bien entretenues et de leurs piscines résidentielles. Aujourd'hui, après presque trois années de sécheresse record, le Cap est confronté à un scénario auquel une grande ville développée n'a jamais été confrontée au XXIème siècle. En mai, les robinets devront rester fermés, laissant les Capetoniens sans accès fiable à l'eau.
La ville du Cap a toujours dû dépendre de ses barrages et réservoirs afin de garantir un approvisionnement constant en eau, mais malheureusement les nouvelles infrasctructures conçues ces 20 dernières années n'ont pas été capables de répondre aux besoins croissants de la population. En effet, en un peu plus de 20 ans, la population du Cap a augmenté d'environ 80%, passant de 2,4 millions d'habitants en 1995 à 4,3 millions en 2018. Au cours de cette même période, le niveau des barrages n'a augmenté que de 15%. Combiné au boom démographique, à une météo erratique et une sécheresse persistante, une crise grave a émergé.
Même avec les restrictions d'utilisation de l'eau actuellement en place, les experts ont déclaré que le 11 mai serait "Day Zero" ("Jour Zéro"). C'est à dire la date officielle à laquelle la capacité du réservoir atteindra 13,5% et jour à partir duquel la ville ne sera plus en mesure de fournir de l'eau à ses résidents. Les autorités municipales font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter un désastre mais ont conscience que la crise actuelle n'est pas un problème à court terme. Des précipitations moins fréquentes et un climat changeant laissent penser que des conditions météorologiques plus sèches seront probablement la nouvelle norme.
Le photographe et résident du Cap, Kelvin Trautman, a produit une série de photo pour ONU Environnement qui témoignent de cette crise.
Une vue aérienne du barrage de Theewaterskloof, le plus grand des barrages d'alimentation en eau du Cap. Sa capacité est supérieure à celle des 13 autres barrages d'approvisionnement combinés, mais une sécheresse record a conduit à des niveaux historiquement bas.
Le barrage Theewaterskloof a été construit pour contenir la moitié de l'approvisionnement en eau de la ville, mais sa capacité est actuellement inférieure à 15%. Le manque de pluies hivernales, qui normalement remplissent les réservoirs du Cap, a conduit à la pire sécheresse depuis plus d'un siècle.
En raison de son climat aride, le Cap a depuis longtemps dû dépendre de ses barrages et réservoirs pour capter les précipitations et combler ses besoins en eau. L'un des plus anciens était le barrage inférieur de Steenbras, achevé à l'origine en 1921. Sa hauteur a été augmentée à plusieurs reprises au fil des ans, ce qui reflète la bataille sans fin du Cap pour assurer un approvisionnement en eau adéquat à ses habitants.
L'augmentation de la population de la ville au cours du siècle dernier a débouché sur des pénuries en eau qui se sont révélées être un problème récurrent, créant un besoin pour un système de barrages et d'installations de traitement de l'eau en constante expansion. Le barrage inférieur de Steenbras a été conçu comme le principal réservoir du Cap lors de sa construction, mais il ne constitue plus qu'une petite partie d'un système de 14 barrages approvisionnant la ville en eau.
Le réservoir vide du barrage supérieur de Steenbras. Les fonctionnaires de la ville ont fixé la consommation d'eau par habitant à 50 litres par jour, mais même avec ces mesures drastiques, il sera difficile d'éviter un désastre.
Les arbres nus, normalement recouverts d'eau, sont des rappels frappants de la chute du niveau de l'eau du barrage de Theewaterskloof. Même si des précipitations arrivent et atténuent la sécheresse, ce qui n'est absolument pas garanti, plusieurs années de chutes de pluie importantes seraient nécessaires pour ramener les réservoirs de la ville aux niveaux d'avant 2015.
Les précipitations hivernales ont toujours rempli les réservoirs entre avril et septembre, mais de nombreux experts affirment que la ville ne pourra plus dépendre de ces prévisions à l'avenir.
La station de pompage de Theewaterskloof, vue en arrière-plan, en est rendue au point où aucune quantité d'eau ne pourra plus être pompée. Bien qu'aucun des barrages du Cap ne soit complètement vide, les derniers 10% d'un réservoir sont inutilisables en raison de la présence de boue. Si le système de réservoir atteint ce niveau, les Capetonians devront se contenter de 25 litres par jour depuis les stations d'eau d'urgence.
Les changements climatiques et les périodes de sécheresse prolongées impliquent que les barrages du Cap pourraient ne plus fonctionner comme par le passé. Alors que les autorités de la ville étudient les possibilités offertes par les usines de dessalement et les projets de recyclage de l'eau, de fortes réductions de la consommation d'eau seront nécessaires pour s'adapter à cette nouvelle situation.
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